mardi 27 avril 2010

Le capitalisme : moral ? Immoral ? Amoral ?


Régulièrement les philosophes de tous bords se posent la question sur la nature du capitalisme : est-il moral, immoral, amoral ? Certains avec des circonvolutions dignes des meilleurs contorsionnistes essayent de nous prouver que le capitalisme est amoral en soi et que ce sont les hommes qui, par leurs pratiques, en font quelque chose de moral ou immoral ; une façon déguisée et fallacieuse de promouvoir le système capitaliste.
Il est vrai que si l’on en reste à la définition stricte du capitalisme telle que la donne le Larousse « système économique et social fondé sur la propriété privée des moyens de production et d’échange », on peut le considérer amoral ; mais ne jouons pas sur les mots. Le système capitaliste tel qu’on l’entend aujourd’hui est basé sur des règles de fonctionnement et d’échanges commerciaux entre les hommes dont la pierre angulaire est la loi de l’offre et de la demande autrement dit un rapport de force, une compétition. C’est la loi de la jungle que vivent tous les animaux. Mais peut-on appliquer cette loi à l’homme qui, lui, a la conscience ? Difficile, même si, dans la pratique, certains ne s’en privent pas. On peut donc en déduire que le capitalisme par essence est immoral . La vie, la mort, la nature sont amorales ; mais le capitalisme n’est pas de cette nature. C’est un système inventé par l’homme pour satisfaire sa cupidité plus que pour répondre aux besoins de la société.
A l’inverse, le communisme pourrait être considéré comme moral parce qu’il repose sur le souci de partage et de solidarité ; les premiers chrétiens ont eux-mêmes vécu cette communauté de biens où tout était partagé mais cela a vite dégénéré…malheureusement en effet, les hommes, par leur égoïsme et leur goût immodéré de l’avoir et du pouvoir ont complètement dénaturé cet idéal communiste qui est devenu une dictature, soit disant au nom de la liberté.
A l’encontre, le capitalisme qui est foncièrement immoral pour reposer sur la loi du plus fort, recèle en lui des forces qui peuvent être le meilleur et le pire ; sachons transformer le pire en meilleur. Prenons l’exemple du courant d’un fleuve : en crue il peut tout dévaster sur son passage mais parce qu’on sait lui mettre des barrages et maîtriser sa force ce fleuve dévastateur dans un premier temps devient source d’énergie.
En matière de capitalisme, ces barrages sont la loi, le règlement, les Valeurs, le Sens par lesquels les hommes feront de ce système immoral un système moral. C’est en ce sens qu’il est de première urgence de réactiver les Valeurs et par là-même modifier les lois pour refonder le capitalisme et retrouver l’idéal du « communisme », celui d’une société solidaire, équitable, fraternelle et économiquement performante.









mardi 20 avril 2010

Bouclier fiscal : équité ou arithmétique ?


Le bouclier fiscal, mesure emblématique de 2007 dans le programme de Nicolas Sarkozy fait de plus en plus débat…Rappelons-en la teneur : grâce au bouclier fiscal le contribuable est assuré que le total de ses impôts ne dépassera jamais 50% de ses revenus. Dix-neuf mille contribuables en bénéficient et cette mesure a coûté 700 millions d’€ aux finances publiques cf. article de Judith WAINTRAUB dans le Figaro économie du 31.03.10. Des personnes se sont vu rembourser des sommes importantes dont elles n’avaient nul besoin ; ce fut donc un cadeau royal. On a compris que cette mesure est un avantage pour les très hauts salaires.
Le gouvernement et les députés ont estimé que payer plus de 50% d’impôts sur ses revenus était quelque chose de démotivant voire indécent. Dans un souci de solidarité, ce même gouvernement fait en sorte que les plus modestes ne payent pas ou peu d’impôts et on ne peut que s’en féliciter. Alors, dans ce même souci de solidarité, pourquoi n’invite-t-il pas les plus riches à payer plus d’impôts pour financer les plus pauvres ? Pourquoi cette logique d’équité ne s’appliquerait-elle pas aussi aux gros revenus ? En quoi cela serait-il gênant qu’une personne ayant de très gros revenus (sportifs, PDG, artistes…) ait des tranches d’impôt à 60%, 70% ou 80% ? Pourquoi a-t-on fixé une limite de participation à la solidarité à 50% vers le haut et aucune limite vers le bas ? Tout simplement parce que pour les hauts salaires on est dans une formule arithmétique (50%) et pour les plus bas salaires on est dans une dimension d’équité qui ne peut avoir une limite exprimée en pourcentage ; il serait normal que des personnes qui gagnent de très grosses sommes puissent payer jusqu’à 80% d’impôts et même avoir des tranches égales à 100% ; comme il est normal qu’il n’y ait pas de buttoir en pourcentage dans l’aide apportée aux moins privilégiés qui non seulement ne payent pas d’impôts mais de plus bénéficient de soutiens financiers importants sous diverses formes (allocations, aide au logement, etc.).
Ce bouclier fiscal me semble d’autant plus inadapté que les statistiques nous disent que malgré cette mesure il y a plus de personnes qui quittent la France pour payer moins d’impôts qu’il n’y en a qui reviennent et acceptent de payer des impôts. Nos dirigeants sont dans cette logique d’encourager l’égoïsme et de vouloir, à travers le bouclier fiscal, privilégier les plus riches et les dissuader de quitter la France. Dans cette même logique on pourrait imaginer que, pour favoriser la présence des sociétés en France, on baisse leur impôt, on baisse leurs charges sociales et pourquoi pas – tant qu’on y est – baisser les salaires pour concurrencer les chinois ?
Mais comment peut-on construire une société juste – comment peut-on prétendre refonder le capitalisme - si l’égoïsme est encouragé et fait que les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?

lundi 12 avril 2010

Ressources ou compétences humaines ?

Les hommes font la richesses de l’entreprise.
Nous sommes tous d’accord sur ce principe mais les hommes sont-ils pour autant un moyen au même titre qu’une machine ou une matière première comme semble l’indiquer le mot de « ressources » humaines ?
On parle de ressources humaines comme on parle de ressources financières.
Cette méprise a un lien direct avec la mauvaise identification de la finalité de l’entreprise qui est sociétale et non financière. Malheureusement, pour la plupart d’entre nous, nous sommes programmés pour penser que la finalité de l’entreprise est financière et dans cette logique l’homme devient un moyen. Mais l’homme n’est jamais un moyen. Ses compétences sont des moyens mais l’homme ne peut être que finalité. A la différence de l’animal l’homme a la conscience qui fait de lui un être libre et digne : « renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme » (JJ Rousseau dans le Contrat social).
L’appellation de service des « compétences humaines » ou de la « qualité sociale » ne serait-elle pas mieux appropriée pour désigner le service qui a en charge de recruter, de former, de faire appliquer la loi et de gérer l’administration du personnel ?
Cette confusion entre ressources et compétences fait que les ressources humaines sont souvent considérées comme le « bras armé » de la direction chargé d’assumer entre autres les « basses œuvres » : licenciement, plan social, prud’hommes…
Cette confusion fait que la formation professionnelle est perçue avant tout comme un moyen de donner des outils aux personnes pour qu’elles soient plus productives et non pas comme un moyen pour qu’elles soient plus épanouies dans leur travail.
Le service des « compétences humaines » ou de la « qualité sociale » devrait être indépendant de toute pression (à commencer par celle de la direction) et devrait faire sienne cette devise : « l’Homme n’est pas fait pour l’Entreprise, c’est l’Entreprise qui est faite pour l’Homme ». Les mots ont leur poids et leur force et ce changement d’appellation des ressources humaines non seulement serait tout à fait positif en terme d’image mais surtout participerait à la refondation du capitalisme.

mardi 6 avril 2010

Le discernement, un outil exigeant

Discerner, trancher, décider, c’est le lot quotidien des responsables tant politiques qu’ économiques.
Plus une personne exerce des responsabilités importantes plus le temps qu’elle passe à décider est important. Cela peut représenter jusqu’à 80% pour un chef d’Etat, un premier ministre ou un chef d’entreprise.
Les exemples de décisions malheureuses sont nombreux. Rappelons pour mémoire le 21 avril 1997 lorsque Jacques Chirac a décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale qui l’a fait se retrouver quelques mois plus tard avec une assemblée à majorité d’opposition.
Sommes-nous vraiment formés pour maîtriser le discernement, la juste réponse ?
Pour ma part, j’ai un outil (le triangle du Cœur) qui vaut ce qu’il vaut mais que je trouve parfaitement adapté aussi bien à la vie personnelle que professionnelle et que je suis heureux de vous partager.
Lorsque j’ai une décision à prendre, je me pose trois questions :
· 1ère question : est-ce que je suis en accord avec ma décision ? Est-ce que j’ai plaisir à prendre cette décision ? En effet, on ne peut rien faire de bien si l’on n’est pas en accord avec ce que l’on fait, on ne peut rien faire de bien si l’on n’a pas « plaisir » à faire ce que l’on fait. Cela dit, le plaisir peut être au deuxième degré ; si notre médecin nous demande de nous faire opérer, c’est loin d’être une partie de plaisir mais nous irons volontiers parce que nous savons qu’il en va de notre santé voire de notre vie.

· 2ème question : est-ce que je suis intelligent, rationnel dans ma réponse ?
Par exemple, si je dois acheter une voiture, est-ce que j’aurai les moyens de rembourser le crédit, est-ce que cette voiture correspond à l’usage que je veux en faire ? C’est le côté rationnel de notre réponse

· 3ème question : en quoi j’ai pris en compte l’intérêt de tous ceux qui sont concernés par ma réponse ? En quoi je suis dans l’Ethique, en quoi je suis dans la Responsabilité, en quoi je suis dans l’Amour ? (j’ai dit l’Amour avec un grand « A » et non pas dans l’affectif). Voir billet n° 19 du 06.10.09.
A ce sujet, j’ai plaisir à citer l’interview du Général Eric Bonnemaison, commandant les Ecoles de Saint Cyr Coëtquidan, dans Valeurs Actuelles du 11.02.10. « Comment parlez-vous du commandement aux futurs officiers ? J’explique les recettes qui ont fait le succès de nos unités d’élite, elles tiennent en un mot : l’amour. L’amour ? Oui. Les imbéciles pourront rire mais les vrais pros comprennent et martèlent ce message ».
Une fois ces trois questions posées, nous avons notre réponse, sachant toutefois qu’il n’y a pas de réponse universelle mais que chacun a sa propre réponse. Le problème n’est pas là, il est ailleurs ; c’est que nous sommes dans une société qui nous apprend à nous faire plaisir, à être malin mais pas à nous poser cette troisième question. Faute de nous la poser ne nous étonnons plus de ne pas avoir le bon discernement.
Le discernement est un exercice exigeant parce qu’il suppose la maîtrise de notre ego. En fait, la seule limite au bon discernement est notre ego ; comme on le voit sur le schéma ci-dessous, plus notre ego est tourné vers les autres (altruisme) et non pas vers nous (égocentrisme) plus l’Amour devient intelligence. D’où l’importance de l’humilité.


Nous en avons un exemple récent très médiatisé : celui d'Akyo Toyoda PDG de Toyota qui a fait abstraction de son amour-propre pour présenter ses excuses devant le congrès américain  suite aux problèmes de freinage sur les véhicules hybrides de Toyota.

                                                                                                                                                                   
L’apprentissage du discernement est incontournable pour tous ceux qui ont à exercer des responsabilités importantes et dans le cadre de la refondation du capitalisme ce message s’adresse à tous les dirigeants.

Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...