mardi 27 juillet 2010

La charité peut-elle changer le monde ?


Une information présentée à la limite comme un « gag » est passée inaperçue du grand public. C’est le pari fou de deux milliardaires américains pour changer le monde. Bill Gates fondateur de Microsoft et le célèbre financier Warren Buffett, non contents d’avoir légué 95% de leur richesse aux pauvres et aux petits ont lancé un appel auprès de 400 milliardaires du classement Forbes à léguer au moins 50% de leur avoir à des causes caritatives. Leur objectif : rassembler une somme de 600 milliards de dollars au service de la lutte contre la faim, les maladies et l’analphabétisme. C’est lors d’un dîner à New-York il y a un an en compagnie du maire Michaël Bloomberg que l’idée a germé. Depuis, Bill Gates et Warren Buffet ont fait campagne appelant leurs pairs à s’engager à leur tour. Ils ont déjà des disciples : Eli Broad co-fondateur de la société immobilière Kaufman et Broad, John Morgride ancien patron de Cisco Systems et bien d’autres… Cependant seulement 17 ont répondu … Le pari est loin d’être tenu (cf. Le Figaro du 20 juin 2010).

On ne peut que saluer cette belle initiative remplie de générosité et de détachement ; mais que prouve-t-elle sinon qu’il y a des gens généreux ? Car elle n’apporte aucune solution sur le fond du problème : l’éradication de la faim, de la maladie et de l’analphabétisme ne pourra se faire qu’en changeant les règles du capitalisme.

Quand les milliardaires proposeront-ils de payer à leur juste prix les matières premières ? Quand les milliardaires mettront-ils à la disposition des pays pauvres la technologie et les brevets que détient le privé ? Quand les milliardaires comprendront-ils que les gens ont besoin de dignité et que la charité ne peut être qu’une solution d’urgence et temporaire ? Quand les milliardaires nous diront-ils que le système dont ils ont su si bien profiter est biaisé et qu’il faut en changer les règles ?

Mais cela n’enlève rien au mérite de ces deux héros des temps modernes : Bill Gates (génie de l’informatique qui a déjà consacré 35 milliards de dollars à la Fondation Bill et Mélinda Gates) et Warren Buffet ( génie du business qui vient de faire un don de 2 milliards de dollars à 5 organisations caritatives).

Hommage donc à ces deux hommes qui mettent leur talent et leur fortune au service de l’humanité.






samedi 17 juillet 2010

Nicolas Hayek, un « vrai » patron


« Je me reposerai quand je serai mort ».
Depuis le 28 juin 2010, à 82 ans, Nicolas Hayek se repose enfin ! Repos bien mérité, vie bien remplie dont il peut être fier. Il est l’inventeur de la première montre en plastique à quartz fabriquée en Suisse : la Swatch. Il en aura écoulé 400 millions dans le monde entier. Fort de 19 marques, en 2009 son empire pesait 4 milliards d’euros de chiffre d’affaire et employait 24 000 personnes dans ses quelque 160 usines. Ce patron extrêmement humain a toujours refusé de prendre la main d’œuvre comme une variable d’ajustement ; dans la crise qui a frappé le secteur en 2008-2009 il s’est efforcé de ne pas licencier à l’inverse de la plupart de ses concurrents (cf. Le Figaro du 29.06.10 Florentin Collomp et Fabienne Reybaud ).
Son dernier projet, comme il l’avait fait pour les montres était de permettre à tout un chacun de posséder une petite voiture ; et pour ceci il crée la smart. Malheureusement, son associé Mercedes a dénaturé ce projet ; elle est en fait devenue une voiture plutôt snob et réservée à une élite.

Nicolas Hayek était à la fois visionnaire et humaniste.
Voici des extraits de son discours du 05 septembre 2008 à l’assemblée générale du lobby des patrons de l’économie suisse dans lequel il évoquait le rôle et la responsabilité des entrepreneurs.
« … Pour moi, un entrepreneur n’est pas, comme beaucoup le pensent, le propriétaire d’une entreprise. La bonne définition de l’entrepreneur c’est plutôt son esprit. Esprit d’entreprise qui peut exister en chacun de nous. Avant tout, l’entrepreneur est un artiste ! Plein de fantaisie avec un esprit d’innovation, c’est un communicateur, quelqu’un d’ouvert aux idées nouvelles, capable de remettre en question aussi bien notre société que lui-même, amoureux de la beauté et sensible au destin de notre planète Terre et de l’univers »
« L’entrepreneur doit aussi être capable de prendre des risques, être un réalisateur courageux, rapide et conséquent. La réalisation est la partie la plus difficile de la créativité. »
« Il doit également être prêt à servir les autres, l’humanité et l’ensemble de la société. Son rôle est de créer de nouveaux emplois, de nouvelles richesses, de vraies valeurs, ou à y contribuer, et cela aussi bien au plan matériel que moral. »
« Notre entrepreneur doit aider à améliorer les ressources de notre planète, dans le cadre de ses possibilités. « Sa stratégie ne doit pas être de dégager un profit financier maximum à court terme, voire immédiat. Sa stratégie doit au contraire viser un développement durable et axé sur le long terme. »
« Pour ses collaborateurs et ses collègues, il doit être un « motivateur » et un exemple. Dans ce cadre, le sens de l’honneur est l’un des critères les plus importants . »
« Enfin, l’entrepreneur doit être passionné et enthousiaste ; l’enthousiasme et l’amour de son travail et tout ce qui lui est lié sont les qualités émotionnelles les plus importantes d’un entrepreneur. Il ne considère pas ses actions comme du travail…il s’amuse. S’il n’a pas ce plaisir, il aura peu de chances de connaître le succès. »

Quel beau message de jeunesse, de dynamisme et d’humanisme nous laisse Nicolas Hayek ! Je ne sais pas combien il gagnait : certainement beaucoup. Mais peut-on le lui reprocher ? Il donnait beaucoup aussi.
Le fait que puissent émerger de tels génies est à mettre au crédit du système capitaliste. Ne coupons donc pas la branche sur laquelle nous sommes assis. Refonder le capitalisme ce n’est pas l’ éradiquer.







mercredi 14 juillet 2010

Toronto : sommet des illusions perdues…


1,2 milliards de dollars canadiens ou 900 millions d’€ : voilà ce qu’a coûté le sommet de Toronto ! A l’occasion de ce 4ème sommet du G20 – après Washington, Londres et Pittsburgh - on aurait pu s’attendre à ce que des choses sérieuses se décident contre les dérives financières du capitalisme. Illusions perdues : non seulement on n’a rien décidé - si ce n’est un échange sur les politiques de rigueur et de relance et leurs conséquences – mais plus encore on n’a abordé aucun problème de fond. Oubliée la lutte contre les paradis fiscaux, oubliée la lutte contre les bonus faramineux, oubliée la lutte contre la spéculation sauvage… On en est revenu à du chacun pour soi. Nicolas Sarkozy a bien timidement essayé de faire adopter une taxe bancaire mais a vite renoncé compte tenu de l’hostilité de la majorité des pays du G20. Où est-il le discours enflammé que Nicolas Sarkozy avait prononcé à l’occasion du forum de Davos en janvier 2010 ?

« …la mondialisation dont nous avions rêvé était celle où au lieu de prendre aux autres à coups de dumpings monétaires, sociaux, fiscaux ou écologiques, chacun appuyait son développement sur le progrès social, l’augmentation du pouvoir d‘achat, l’abaissement des inégalités, l’amélioration de la qualité de la vie, de la santé, de l’éducation (..) Nous ne sauverons le capitalisme qu’en le refondant, en le moralisant ; je sais que ce terme peut susciter beaucoup d’interrogations. De quoi avons-nous besoin, au fond, sinon de règles, de principes, d’une gouvernance qui reflète des valeurs partagées, d’une morale commune ? (…) Le G20 préfigure la gouvernance planétaire du XXIème siècle. Il symbolise le retour de la politique qu’une mondialisation non maîtrisée avait délégitimée. En un an, c’est une véritable révolution des mentalités qui s’est opérée ; pour la première fois dans l’histoire les chefs d’Etat et de gouvernement des vingt plus grandes puissances économiques du monde ont décidé ensemble des mesures à prendre pour faire face à une crise mondiale. Ils se sont engagés ensemble sur des règles communes qui vont profondément changer le fonctionnement de l’économie mondiale.

Sans le G20, la confiance n’aurait pu être rétablie. Sans le G20, le chacun pour soi l’aurait emporté ; sans le G20 il n’aurait pas été possible d’envisager de réglementer les bonus, de venir à bout des paradis fiscaux, de changer les règles comptables, les normes prudentielles. Ces décisions, elles ne résolvent pas tout, mais qui, il y a à peine un an, aurait pensé qu’elles étaient possibles ? Encore faut-il qu’elles soient mises en œuvre !… »

En fait, rien n’a encore été mis en oeuvre.
Que reste-t-il de toutes ces belles paroles ? Rien ! Cependant, n’accablons pas Nicolas Sarkozy : je pense qu’il était sincère quand il les a prononcées. Mais il a devant lui un mur de résistance impossible à franchir. On aurait cependant pu s’attendre à ce que le Président nous dise en substance « nous sommes loin d’avoir atteint nos objectifs ; ce sommet du G20 a été détourné de sa fonction première - celle de refonder le capitalisme - il est devenu – comme beaucoup d’autres instances internationales – un lieu où l’on palabre et décide peu de choses ». En nous tenant ce discours, Nicolas Sarkozy aurait fait preuve d’une grande humilité et nous aurait rassurés sur sa volonté de changer les choses.

Alors, que pouvons-nous conclure de ce sommet ?
Que la route est encore très, très longue pour refonder le capitalisme, qu’il ne faut pas désespérer pour autant et que plus nous serons nombreux à vivre ce beau dessein, plus nous aurons la chance de le voir aboutir.





mardi 6 juillet 2010

De l’art de faire diversion


A l’occasion de la coupe du monde de football en Afrique du Sud nous avons assisté à une véritable « chasse aux sorcières » en l’occurrence Raymond Domenech devenu l’homme le plus détesté de France et, à un degré moindre, le Président Escalette, auxquels on reproche d’avoir déshonoré la France - rien que çà ! - et dans la foulée, pêle-mêle, l’ego des joueurs, leurs salaires faramineux, un management du n’importe quoi... La presse a largement contribué à ce « lynchage ». Un grand quotidien sportif a pris une large part dans ce scandale en croyant bien de mettre à sa « Une » pour des raisons bassement mercantiles – ou pire encore tout simplement pour nuire - les insultes proférées par Anelka à l’encontre de Domenech ; information qui ne pouvait qu’envenimer le problème privant les protagonistes de toute possibilité de réconciliation sans perdre la face et qui a indirectement été la cause de la grève de l’entraînement des joueurs. Roselyne Bachelot y est allée avec « ses gros sabots », elle a « regardé les joueurs les yeux dans les yeux jusqu’à faire pleurer certains» et a poussé Escalette à démissionner. Le Président Sarkozy ne pouvait pas être en reste et il a tout de suite décrété la tenue des états généraux du football en octobre, il a reçu Thierry Henry (on se demande à quel titre puisqu’il n‘est ni capitaine ni entraîneur…), les députés en ont rajouté une couche en convoquant à l’Assemblée Domenech et Escalette qui se sont retrouvés devant un « tribunal ».

Sans aucun doute, Domenech a certainement une lourde responsabilité dans la défaite des Bleus ; Escalette aussi pour l’avoir soutenu. Mais on a vite oublié qu’en 2006 Domenech avait amené la France en finale du mondial qu’elle avait de fortes chances de gagner sans le coup de boule malheureux de Zidane ; quand à Escalette, il a toujours été considéré comme un Président intègre ayant consacré une grande partie de sa vie au football.

Et si tout ce « barouf » n’était qu’un inconscient exutoire à tous nos maux (chômage, retraites…) ? Et si tout cela n’était qu’une habile diversion pour oublier l‘essentiel (problèmes économiques…) ? Et si tout cela nous confortait dans notre bonne conscience, nous les français irréprochables, patriotes exemplaires ?

Mais le spectacle est terminé, il est tant de revenir à nos vrais problèmes dont la solution passera par la refondation du capitalisme.

Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...