mardi 25 octobre 2011

Les risques psychosociaux au travail

  
Dans l’entreprise, au-delà des risques physiques, il y a une montée en puissance des risques psychosociaux.
C’est ce que nous dit dans Novethic du 11.10.11 l’inspecteur du travail Jean-Louis OSVATH président de l’association L611-10 dont l’objet est de permettre aux agents de contrôle de s’exprimer et de débattre sur leurs pratiques professionnelles :

 « La plupart de nos agents de contrôle sont submergés par les plaintes (..) Or, dans 99% des cas, on constate que les risques psychosociaux sont la conséquence d’une organisation du travail défaillante ou d’une mauvaise définition des postes, ce qui génère des situations conflictuelles. Qu’il s’agisse d’allégations, de harcèlement moral, voire de suicide, les directions d’entreprise renvoient trop souvent ces problèmes à des raisons interpersonnelles ou à la fragilité psychologique des salariés. C’est une erreur, une façon de nier la réalité (…) L’actuel dispositif législatif est insuffisant ou inadapté et doit être amélioré. En matière pénale le seul article du Code du travail qui ait trait à la santé mentale est celui sur le harcèlement moral. Or, cet article n’est abordé, dans les jugements des tribunaux, qu’à travers un traitement intra personnel de la situation de travail. Concrètement, il permet de poursuivre une personne sans pour autant poursuivre l’entreprise (…) On pourrait donc insérer dans le Code du travail une disposition indiquant que l’organisation du travail et les méthodes de management mises en œuvre par l’employeur ne doivent pas mettre  en danger la sécurité des travailleurs, porter une atteinte sérieuse à leur santé ni compromettre leurs droits et dignité ».

Ce témoignage montre l’urgence de mettre en place dans l’entreprise les moyens de contrôle pour qu’il y ait moins de souffrance psychologique au travail et que l’entreprise s’en sente responsable. Cette urgence semble être ignorée par notre « personnel » politique. Dans la primaire socialiste on a beaucoup parlé de la dette, de l’économie, de la fiscalité, de la pauvreté, du chômage, de l’éducation  mais jamais de l’entreprise. C’est pourtant l’entreprise qui est source de tous les problèmes (chômage, salaires indécents, délocalisations et licenciements abusifs, mauvaises conditions de travail…).

A croire que nos politiques ont banalisé voire validé de rapport déséquilibré entre les actionnaires et les salariés. Comme en son temps on banalisait l'escalvage ou le travail des serfs. On attend le politique qui aura à la fois la lucidité et le courage de réformer l'entrerpise. C'est la pierre angulaire de la refondation du capitalisme.






lundi 17 octobre 2011

Taxe Tobin

  
Ce qui semblait impossible devient possible aujourd’hui.

La taxation des transactions monétaires et financières suggérée en 1972 par le lauréat du prix Nobel d’économie James TOBIN, n’a jamais vu le jour. Cette idée a pourtant été reprise en 1998 par les alter mondialistes qui voyaient dans cette taxe un moyen de financer les pays en voie de développement.
Beaucoup de pays - à commencer par les Etats-Unis - étaient contre sous prétexte qu’elle était une entorse au libre-échange. Le Canada, la Suisse, l’Australie, la Russie et l’Inde se sont toujours prononcés contre cette taxe. Dominique Strauss Kahn, ancien Président du FMI, a même déclaré que « les transactions financières étant très difficiles à mesurer, une telle taxe serait très facile à contourner ».

Cependant, ce qui était impossible le devient.
Le Président de la Commission européenne, Monsieur BARROSO, va proposer au Conseil européen un projet de directives sur la taxation des transactions financières
Cette taxation exclurait le marché des changes, pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2014 et à raison de 0,1 % devrait rapporter 50 milliards d’euros par an. L’objectif affiché étant en effet pour l’Union européenne de couvrir les coûts de la crise. Cela expliquerait peut-être pourquoi toutes les difficultés se sont soudain aplanies…

On peut se féliciter de ce revirement de l’Europe, même si certains pays sont contre, telle la Grande-Bretagne qui craint une délocalisation des transactions financières vers des pays tiers préjudiciable à la City de Londres.
On peut cependant regretter que cette taxe ne porte pas sur la transaction des devises – car ce marché pèse 4000 milliards de dollars par jour, soit près de la moitié des transactions financières dans le monde.
Cette taxe européenne ne concernerait  bien sûr que l’Union européenne.
Ce que l’on peut déplorer – et que les alter mondialistes ne se privent pas de faire– est que cette taxe a été détournée de son but : il ne s’agit plus maintenant de financer les pays en voie de développement mais de combler les dettes. Dans cette logique, on est à même de craindre que, dès la situation financière assainie en Europe, cette taxe soit supprimée. Il aurait été bien que la moitié de cette taxe soit allouée aux pays pauvres : cela aurait été du même coup la garantie de sa pérennité.


lundi 10 octobre 2011

Evaluation des comportements ou des compétences ?


Après Hewlett Packard, la Snecma et bien d’autres… c’est au tour d’Airbus d’être condamné pour l’évaluation des salariés suite à une plainte de la CGT. Le 21 septembre 2011, la Cour d’appel de Toulouse a jugé « illicite » la procédure « P & D » pour performance et développement sous prétexte que cette évaluation se fonde sur certains critères comportementaux non conformes aux exigences légales.

De plus en plus, les entreprises, au-delà des compétences et des critères techniques, veulent aussi évaluer l’engagement de leurs salariés et leur adhésion aux valeurs de l’entreprise. Pour résumer – comme le dit Jocelyne Chabert, membre CGT du CHSCT de GEMS – « l’entreprise ne veut pas des salariés mais des supporters, des fans qui sont prêts à adhérer totalement aux valeurs de l’entreprise ». cf. Novethic du 30.09.11 

Dans cette logique, une personne qui fait bien son travail peut être sanctionnée si elle n’a pas l’enthousiasme et l’adhésion aux valeurs de l’entreprise. Cette dérive frise la discrimination, en particulier  en termes de promotion ou d’augmentation, et elle est incompatible avec le respect de la personnalité et de la différence. Ce n’est pas parce qu’un salarié adhère à un syndicat ou a un tempérament plutôt « grincheux » et peu enthousiaste qu’il ne fait pas bien son travail ! Il n’a pas à être pénalisé pour son tempérament.

On comprend très bien que les entreprises aient le souci que leurs employés adhérent aux valeurs et au projet de l’entreprise ; et si ce n’est pas le cas, la faute n’en revient pas aux salariés mais à l’entreprise qui n’a pas su faire passer son message.

 

mardi 4 octobre 2011

L’Europe et la pauvreté


Alors que l’Europe se mobilise non sans mal pour sauver la Grèce et l’euro on peut être tout à fait surpris qu’elle n’ait pas la même volonté d’être un soutien pour les pauvres.

En 1987, suite à l’appel de Coluche, fondateur des Restos du cœur, Jacques Delors – alors président de la Commission européenne - a mis en place le PEAD (Programme européen d’aide aux plus démunis). Ce programme avait pour idée d’utiliser les stocks alimentaires européens en faisant bénéficier les plus démunis via 240 associations à hauteur de 480 millions d’euro. Treize millions de personnes sont concernées : les principaux bénéficiaires sont l’Italie, la Pologne et la France.

Suite à une baisse de ces stocks liée à une modification de la politique agricole commune (PAC), depuis deux ans l’Union européenne a compensé par d’importants achats de nourriture à destination des banques alimentaires. L’Allemagne a porté plainte sous prétexte que la PAC ne doit pas financer l’aide sociale ce à quoi Bruno Lemaire - ministre français de l’agriculture - a répondu « je suis prêt à regarder d’autres sources de financement » ; il s’en est suivi une décision de la Cour européenne de justice de Luxembourg qui a estimé que ces achats étaient incompatibles avec la politique agricole de l’U.E. Des conflits sont nés de cette divergence de vue ; l’Allemagne, le Royaume Uni, les Pays-Bas, la République Tchèque, le Danemark et la Suède se sont opposés à un maintien du PEAD à son niveau actuel pour 2012 et 2013. Conséquence : le fonds de 480 millions d’euro attribué annuellement à la pauvreté via les ONG devrait revenir à hauteur de 113 millions d’euro soit diminuer de 76%. La part de la France sera considérablement réduite passant de 72 millions à 15 millions soit une réduction de 80%. Cette décision a provoqué un tollé, le Président Sarkozy est intervenu et les ONG – à commencer par les Restos du cœur – ont vivement réagi. Olivier Berthe – Président des Restos du cœur – assure « en 25 ans que le programme existe c’est la première fois que nos quatre associations se réunissent pour pousser un cri d’alerte. Si demain une décision n’est pas prise (…) il y aura une crise humanitaire, une crise alimentaire dans ce pays ».   Cette diminution devrait se traduire pour 2012 par 130 millions de repas distribués en moins. C’est un véritable tsunami alimentaire. « En Espagne, c’est 50% des approvisionnements des banques alimentaires, en Italie les 2/3, en Pologne et en Hongrie, 90% », souligne Alain Seugé président du réseau français de ces banques et vice-président de la Fédération européenne.

Alors que de toutes parts on fait appel à la solidarité vis à vis de la Grèce, l’Europe a-t-elle le droit de freiner son aide aux plus démunis ? Sa vocation est-elle seulement économique et financière ? De même que l’entreprise, l’Europe n’a-t- elle pas aussi un devoir humanitaire ? Sinon cela serait à désespérer de l’idéal que l’on s’en fait. Décision au prochain conseil des ministres de l’Europe en octobre. Affaire à suivre…


Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...