La nouvelle est passée presque inaperçue et pourtant… elle est de taille ! Dans le Figaro du 13 juillet 2011 on lit sous la plume d’Yves Miserey : « Sida : une firme baisse le prix de ses médicaments pour les pays pauvres. A l’initiative de la Fondation suisse Medicines Patent Pool créée en 2010 par Unitaid, le laboratoire pharmaceutique américain Gilead, une des firmes les plus innovantes dans la recherche contre le sida, renonce, pour certains pays, à ses brevets sur quatre molécules dont deux ne sont pas encore sur le marché. Les fabricants indiens de génériques vont pouvoir ainsi produire et combiner des copies à bas prix des traitements anti-VIH de Gilead et les commercialiser dans les pays les plus pauvres. Ce qui fait dire à Philippe Douste-Blazy, Directeur d’Unitaid « pour la première fois, les malades du sida des pays en développement vont avoir accès aux mêmes médicaments que ceux vivant dans les pays riches ».
Actuellement, le seul traitement accessible dans les pays du sud est Triomune pour un montant de 50 € par an soit 80 à 100 fois moins cher qu’un traitement moyen au nord. « Mais cet antirétroviral est ancien ; il a été mis au point il y a une quinzaine d’années, il a de nombreux effets secondaires et il n’est efficace pas plus de deux à trois ans » souligne Emmanuel Trénado directeur des programmes internationaux d’Aides, une des dix associations françaises. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande de ne pas l’utiliser.
Malheureusement Merck ainsi que Johnson & Johnson (deux autres laboratoires ayant des médicaments contre le sida dans leur catalogue) n’ont pas accepté les propositions de Patent Pool. Pourtant, le coût de chacune de leurs molécules (un peu plus de 700€ par an et par patient) est tellement élevé qu’ils ne vendent que quelques dizaines de boîtes en Afrique. Ils font un mauvais calcul, parce que en acceptant de génériquer leurs produits, ils auraient des rentrées financières, l’accord prévoyant que le concepteur touche 5% sur les génériques.
Qui refuserait de donner un médicament à quelqu’un de malade et dont on sait que la vie est en danger ? Pourtant c’est ce que font Merck, Johson & Johnson et bien d’autres encore dans la logique de notre système économique : 17 millions de personnes meurent chaque année faute de médicaments que les pays riches savent fabriquer et pourraient livrer, soit l’équivalent de quinze tours jumelles qui s’écrouleraient chaque jour. Il y a urgence à refonder le capitalisme ; c’est notre responsabilité à tous et à chacun.