L’actualité me fait revenir sur mon billet n°7 du 06.07.09 « La personne morale : un bon alibi » mettre le lien.Dans le procès Vivendi, la justice américaine a condamné Vivendi et blanchi Jean-Marie Messier. Elle a estimé que Jean-Marie Messier avait fait des erreurs stratégiques mais n’avait commis aucune faute.Que retirer de ce procès ?
Encore une fois, on a condamné une personne morale sans sanctionner une personne physique.
Que je sache, en tant que structure juridique, Vivendi ne pense pas, ne parle pas, n’a pas de problèmes de conscience…Donc, au sein de Vivendi, il y a des hommes qui eux pensent, parlent, ont une conscience et ont manqué à leur devoir. Difficile dans cette affaire d’invoquer le hasard, la malchance… Cette communication trompeuse sur les résultats de Vivendi est bien une faute volontaire ou involontaire d’une ou plusieurs personnes et elle est à l’origine de cette perte pour plus d’un million d’actionnaires qui ont demandé 8 milliards de dollars de dommages et intérêts.
Au vu de la décision du tribunal, les avocats chiffraient la facture pour Vivendi à 6 milliards d’€. A se demander si Vivendi n’a pas été condamné en raison d’abord de sa solvabilité ! Ces 6,5 milliards ont déjà fait baisser le cours de l’action Vivendi de 2,41%. Cette forte amende entraînera sûrement des préjudices pour les salariés (emploi, intéressement…). On en arrive à ce paradoxe que des personnes innocentes (salariés et actionnaires de Vivendi) soient pénalisées par des fautes qu’elles n’ont pas commises et pour lesquelles les véritables responsables ne sont pas sanctionnés.
Où est la justice là-dedans ? Ne confondons pas justice et jackpot ! Que Vivendi soit condamné à verser des dommages et intérêts dans une limite raisonnable, cela paraît normal. Mais que le tribunal ne condamne pas les hommes qui ont failli à leur devoir, ne serait-ce qu’au nom de l’exemplarité, cela me paraît particulièrement hypocrite. Lorsqu’on dénonce les salaires faramineux des patrons ceux-ci arguent entre autres pour les justifier des risques qu’ils prennent; c’est peut-être la bonne occasion de prouver qu’ils en prennent réellement et d’en assumer les conséquences !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire