L’entrée en force et en surprise de LVMH chez Hermès fut l’événement boursier du mois d’octobre.
Bertrand Puech, héritier d’Hermès, descendant du fondateur à la cinquième génération, président de la société familiale Emile Hermès et Patrick Thomas, gérant du Groupe, ont très mal pris cette intrusion et l’ont vécue comme un viol.
Faut dire que Bernard Arnault - PDG de LVMH, déjà propriétaire de Dior, Moët Hennessy, Louis Vuitton et bien d’autres marques prestigieuses, à la réputation de prédateur - bien qu’il dise à qui veut l’entendre que cette prise de participation était tout à fait amicale et qu’il ne demandait pas de siège au conseil de surveillance, n’a pas tout à fait été loyal dans cette transaction et a contourné la loi qui prévoit qu’un acheteur doit déclarer son identité lorsque sa prise de participation dépasse les 5%.
Bernard Arnault a pour ceci demandé à quatre banques sans les avertir de la présence des autres de prendre des participations dans Hermès sous la barre des 5%. Actions que ces banques lui ont revendues en échange d’une rétribution en actions ; ce qui a constitué une opération neutre pour les établissements financiers : « ni vu, ni connu ». Cette méthode porte un nom, ce sont les contrats Equity Swap. Contrats tout à fait légaux du reste.
C’est comme çà qu’un beau jour, LVMH s’est retrouvé propriétaire de 17,1% du capital d’Hermès. Les dirigeants du Groupe Hermès ont alors contre attaqué et sommé Bernard Arnault de se retirer. Pour ce faire ils se sont offert les services de Jean-Michel Darrois, star du barreau de Paris qui avait déjà eu dans le passé l’occasion de s’opposer à LVMH dans l’assaut manqué de GUCCI.
Comme on s’en doute, Jean-Pierre Jouyet président de l’autorité des marchés financier (AMF) a déclenché une enquête et Christine Lagarde ministre de l’économie a même proposé de modifier la législation concernant le franchissement des seuils.
Quelles conclusions peut-on tirer de ce feuilleton financier ?
D’abord, qu’à ces plus haut niveaux, on ne se fait pas de cadeaux : c’est bel et bien la guerre provoquée par l’ambition des uns et des autres. C’est un peu la guerre des Seigneurs des temps anciens…
Autre conclusion : le but final de cet affrontement, c’est le pouvoir ; et à ce sujet on oublie un acteur important pourtant concerné au premier chef : les salariés de chez Hermès ! Qui dit changement de pouvoir dit changement de stratégie. En terme de risques, ces salariés sont en première ligne, ont certainement leur avis à donner : comment leur offrir la possibilité de le faire ? Peut-être par un droit de veto ! Et bien sûr par l’élection de leur PDG (cf. billet n° 1 ). C’est un des enjeux de la refondation du capitalisme.
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