mardi 16 février 2010

Hautes rémunérations et exemplarité

Avec l’affaire Proglio et sa double rémunération (VEOLIA et EDF) le problème des hauts salaires des dirigeants est à nouveau d’actualité. Dans la presse on fait régulièrement état des salaires des footballers, des entraîneurs, des artistes et l’énormité de leurs rémunérations pose question. Pierre-Henri Leroy qui dirige Proxinvest nous dit que les statistiques établies sur un échantillon de 70 grands patrons d’entreprises cotées de 8 pays européens auxquels il ajoute la Suisse, montrent que leur rémunération moyenne (hors part actions) avoisine les 3,8 millions d’€ par an. Dans le classement de Proxinvest les français affichent une moyenne de 2,3 millions d’€.
Dans la dernière conférence de presse de Nicolas Sarkozy sur TF1, Laurence Ferrari a interpellé le président sur le salaire de Monsieur Proglio. Très mal à l’aise Sarkozy a répondu qu’il y avait un marché de l’emploi et que si l’on voulait les meilleurs, il fallait y mettre le prix… Et puis il s’en est sorti par une pirouette en lui demandant le montant de son salaire … Ainsi le sujet a été clos…
Il y a quelque chose d’inquiétant à savoir que la motivation des hauts dirigeants de sociétés est avant tout liée au montant de leur rémunération. On pourrait penser que l’honneur d’être au service et à la tête d’une grande entreprise est déjà une importante source de motivation et qu’un salaire correct suffirait à attirer les meilleurs. Nous sommes dans la logique du mercenaire au service des actionnaires.
S’il fallait rémunérer les hommes politiques en regard de leurs responsabilités, combien faudrait-il payer le président de la république, les ministres, les maires des grandes villes ? Et pourtant, ils sont loin d’être incompétents et leurs résultats sont largement comparables à ceux de tous les dirigeants d’entreprise ; comme eux ils vivent des réussites et des échecs. On me rétorquera qu’ils sont des élus ! Mais qu’est-ce qui empêche s'élire les PDG des grands groupes ? cf. billet n°1 du 23.04.09
En ce temps de crise où l’on cherche par tous les moyens à économiser, certains préconisent comme solution d’abaisser ou au moins d’imposer ces salaires indécents. En fait, cela représenterait une goutte d’eau dans l’océan et ne changerait rien ou presque…
Par contre, ces hautes rémunérations ont un effet pervers psychologique indirect dont on est loin de soupçonner l’importance ; alors que les déficits de la plupart des pays augmentent, les hommes politiques de droite comme de gauche demandent à leurs concitoyens de faire un effort sur leur train de vie ; mais allez demander à un salarié de limiter ses augmentations alors que son PDG gagne 200 à 300 fois plus que lui ! Allez dire aux syndicats qu’il faut repousser l’âge légal de la retraite alors que certains PDG partent avec une retraite chapeau de plusieurs millions d’€ ! Allez faire comprendre à un fonctionnaire que la fonction publique va faire des économies en supprimant un poste sur deux quand l’Etat embauche à la tête d’EDF un PDG qui sera payé 45% de plus que l’ancien ! Allez dire aux français qu’il faut « se serrer la ceinture » quand ils voient la rémunération de tous ces privilégiés !
Tout cela génère un sentiment d’injustice bien compréhensible.
La valeur de l’exemplarité est importante. Elle fait partie des règles élémentaires du management. Mais combien les connaissent et combien les appliquent ? Les entorses à cette règle font des dégâts considérables.






2 commentaires:

  1. L'exemplarité est une valeur essentielle, en temps de crise surtout. De crises de valeurs surtout.

    La notion de risque pour un PDG comme Proglio est à mesurer. Car son carnet d'adresse, ses relations, lui permettent de rebondir rapidement. Pourquoi dans ce cas le rémunérer autant alors qu'il a tant d'as dans la manche en cas de pépin?

    Ces notions de responsabilités sont à redéfinir, et votre vision des choses parfois à contre-pied de la structure pyramidale d'une entreprise classique me parait être une très bonne chose.

    La responsabilité pourrait être partagée, et la rémunération accompagnant ce partage suivre le même chemin.

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  2. Vous parlez de responsabilité partagée ; je suis tout à fait d'accord ; mais à un moment ou à un autre il faut bien trouver l'interlocuteur responsable ; le risque est de tellement diluer la responsabilité que paradoxalement personne ne se sente responsbale... Je citerai comme exemple les voitures de fonction dans une entreprise : chacun a la responsabilité de gérer cette voiture quand il l'utilse mais on la retrouve souvent dans un état lamentable...

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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...