Non, ce n'est pas la nuit du 04 août 1789, mais pas loin !
Sous le titre « Taxez-nous », le nouvel Observateur du 25.08.11 fait état d'un appel de seize patrons français – et non des moindres – qui ont signé un manifeste demandant à être associés financièrement au redressement de la dette de la France. Le message est sans ambiguïté : « Nous, présidents ou dirigeants d'entreprises, hommes ou femmes d'affaires, financiers, professionnels ou citoyens fortunés, souhaitons l'instauration d'une « contribution exceptionnelle » qui toucherait les contribuables français les plus favorisés. Cette contribution serait calculée dans des proportions raisonnables, dans le souci d'éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l'accroissement de l'évasion fiscale. Nous sommes conscients d'avoir pleinement bénéficié d'un modèle français et d'un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver. Cette contribution n'est pas une solution en soi : elle doit s'inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes. Au moment où le déficit des finances publiques et les perspectives d 'aggravation de la dette de l'Etat menace l'avenir de la France et de l'Europe, au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d'y contribuer ».
Jean-Paul AGON PDG de L'Oréal
Liliane BETTENCOURT actionnaire de L'Oréal
Antoine FREROT PDG de Véolia Environnement
Denis HENNEQUIN PDG d'Accor
Marc LEDREIT DE LACHARRIERE Président de Fimalac
Maurice LEVY PDG de Publicis (à l'origine de cet appel)
Christophe de MARGERIE PDG de Total
Frédéric OUDEA PDG de la Société Générale
Claude PERDRIEL Président du Conseil de Surveillance du Nouvel Observateur
Jean PEYRELEVADE Président de Léonardo & Co France
Franck RIBOUD PDG de Danone
Stéphane RICHARD PDG d'Orange
Louis SCHWEITZER Président de Volvo et d'Astra Zeneca
Marc SIMONCINI Président de Meetic
Jean-Cyril SPINETTA Président d'Air France-KLM
Philippe VARIN Président du directoire de PSA Peugeot Citroën
Quelles conclusions tirer de cette démarche hors du commun ?
D'abord , comme l'a dit en son temps VGE, que la gauche n'a pas le monopole du coeur ! On peut être de droite et avoir le souci de la solidarité.
Ensuite que ces patrons ont conscience d'être des privilégiés dans leurs talents, leurs fonctions et financièrement.
Enfin qu'ils sentent, consciemment ou inconsciemment, que notre système économique est sans pitié et quelque part injuste.
On ne peut que les saluer eux qui ont eu le courage de prendre le risque de se marginaliser voire de se désolidariser des autres patrons et recevoir leurs critiques.
Mais ont-ils conscience qu'ils sont les capitaines d'une guerre qu'on appelle économique ?
Sont-ils conscients que en tant que capitaines ils ont en main le destin économique de milliers de personnes qui elles, ne veulent pas spécialement cette guerre ? Sont-ils conscients que cette guerre fait aussi des morts au sens propre comme au figuré, provoque des drames et, comme toute guerre, sème aussi le malheur ?
Sont-ils conscients qu'ils alimentent cette guerre par leurs décisions quotidiennes ?
Sont-ils conscients qu'à travers de faux alibis (conquête de marché, pérennité de l'entreprise...) c'est souvent leur ambition sans limite de pouvoir, de reconnaissance et de possession qui est leur vrai moteur ?
Ces patrons pourront-ils un jour comprendre qu'il faut mette un terme à cette guerre stupide et qu'en toute chose l'homme est une finalité ?
En effet, ce n'est pas l'homme qui est fait pour l'entreprise, c'est l'entreprise qui est faite pour l'homme ; l'argent n'est pas une finalité en soi mais un outil, un moyen, une sanction. Cette société de consommation à tout crin n'est que leurre et le bonheur réside non pas dans l'avoir mais dans l'être.