Dans cette campagne électorale pour la présidentielle, depuis que Nicolas Sarkozy s’est officiellement déclaré comme candidat, chaque jour on a droit à de nouvelles propositions : référendum sur le chômage, dose de proportionnelle dans les élections législatives, augmentation de 1000 € par an pour 7 millions de français, suppression des retraites chapeau et des parachutes dorés… Parmi ces propositions - toutes fort intéressantes même si elles suscitent débat et controverse – Nicolas Sarkozy a proposé, pour mettre fin à l’escalade indécente des rémunérations des grands patrons, que celles-ci soient votées à l’assemblée générale des actionnaires comme c’est déjà le cas en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ; quand on sait que les salaires des patrons du CAC 40 ont augmenté de 34% ces dernières années et qu’ils tournent autour de 1 à 10 M€ par an, cette proposition originale ne peut avoir qu’un accueil favorable de toutes parts.
Mais pourquoi limiter ce contrôle uniquement aux actionnaires ? Pourquoi ne pas l’étendre aux salariés ou à leurs représentants ? N’est-ce pas de la discrimination sociale ?
Est-ce lié à leur statut de salarié ? Dans ce cas-là les salariés qui sont aussi actionnaires dans leur entreprise (le cas de Bouygues ou Auchan entre autres) n’auraient pas le droit de vote sous prétexte qu’ils sont salariés.
Est-ce parce que les salariés seraient moins responsables, moins compétents ? Pourtant ce sont les mêmes qui sont appelés à voter pour choisir leur Président.
Est-ce parce que les salariés seraient partisans dans leurs avis et pas objectifs dans leurs choix ? Détrompons-nous ! Les salariés savent qu’il y a aussi un marché du travail pour les patrons et que s’ils veulent avoir le meilleur ils doivent s’en donner les moyens. Tout le monde le comprend dans le sport par exemple pour les équipes de foot ou de rugby.
Est-ce parce que les actionnaires sont seuls à risquer leur capital ? Mais les salariés risquent beaucoup plus ! Leur emploi ! Et en cas de crise ils sont malheureusement en première ligne.
En fait, le seul frein à ce que les salariés aient leur mot à dire pour la rémunération de leur patron, ce sont nos a priori. Quand comprendrons-nous que le monde a évolué et que le temps des esclaves et des sujets est fini. Les salariés sont à même de comprendre et de donner leur avis sur la rémunération de leur patron ; ce serait la première étape, la première marche, pour l’élection du patron conjointement par les salariés et par les actionnaires dans les entreprises (cf. billet n°1 de ce Blog ).