mardi 28 décembre 2010

Valeurs républicaines à géométrie variable


Les Valeurs républicaines font un tabac. Au nom de ces Valeurs on remet en question même l’identité nationale. Peut-on être français si l’on ne parle pas le français ? Peut-on être français si l’on siffle la marseillaise ? Peut-on être français si l’on a plusieurs femmes ? Peut-on être français si l’on est délinquant ? A la limite, on peut comprendre – sans pour autant l’accepter – que l’on puisse se poser ce genre de questions.

Mais j’en rajouterais une : « peut-on être français si, volontairement on s’expatrie pour se soustraire à l’impôt ? ». Interrogation plutôt dérangeante qui remettrait en question l’équipe de France de Tennis où, à l’exception du parisien Liodra, tous les autres joueurs sélectionnés (Monfils, Tsonga, Clément, Benneteau, Mathieu, Gasquet et Simon) sont résidents helvétiques (cf. VSD 02.12.10). Ce qui a fait dire au Canard enchaîné du 08.12.10, « ce n’est pas la France qui a été battue par la Serbie, mais la Suisse ! ».

C’est vrai ! Qui n’a pas essayé un jour ou l’autre de tricher pour payer moins d’impôts ? A la différence près que la loi et la justice sont là pour sanctionner les fraudeurs alors que c’est en toute impunité que ces expatriés trichent.

Qu’est-ce qui est plus grave dans l’entorse aux Valeurs de la république ? Travailler avec son foulard par conviction religieuse ou vivre volontairement à l’étranger pour s’exonérer de l’impôt français ? Dans le cadre de la refondation du capitalisme et de la volonté de motiver ces « mauvais » français à rester domiciliés en France, ne pourrait-on pas imaginer que si l’on s’expatrie volontairement pour des raisons fiscales et non pour des raisons professionnelles, on soit déchu de son droit de vote et pour les sportifs on ne puisse plus porter le maillot tricolore ? Cela permettrait de remettre les choses à leur place et de donner tout leur sens à ces fameuses Valeurs républicaines !

Wikipédia nous cite quelques noms, pour les sportifs entre autres : Jean Alesi, Jean-Claude Killy, Sébastien Loeb, Alain Prost résident en Suisse ; Eric Cantona réside à Gersey (surprenant pour un homme qui a lancé le fameux appel à retirer l’argent des banques…). Pour les chanteurs : Charles Aznavour, David Halliday, Johnny Halliday, Patricia Kaas, Marie Laforêt, résident en Suisse. Pour les acteurs : Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart résident en Belgique, Alain Delon étant résidant et citoyen suisse. Pour les patrons : Jacques Badin (Carrefour) réside en Belgique, Thomas Bata (chaussures) réside en Suisse, des membres de la famille Bich (Groupe Bic) résident en Suisse, des membres de la famille Mulliez (Auchan, Décathlon Mondial moquette) résident en Belgique, Paul Dubrule (co-créateur du groupe Accor et mieux encore ancien sénateur-maire de Fontainebleau) réside à Cogny en Suisse.

Quel message reçoivent les salariés qui savent que leur patron vit à l’étranger pour payer moins d’impôts ? Où est la valeur d’exemplarité ? Quel message reçoivent les fans des sportifs, des chanteurs, des acteurs, de leurs « idoles » vivant à l’étranger ? Mesure-t-on tous les effets collatéraux désastreux causés dans les esprits par  ceux qui, en toute légalité, trichent avec leur entreprise ou avec la France ?                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           





mardi 21 décembre 2010

« Vanité des vanités, tout est vanité »



A travers cette célèbre citation, L’Ecclésiaste veut nous dire que l’orgueil est indissociable de la nature humaine et que la compétition en est son instrument. Vue sous cet angle, la compétition a un aspect très négatif.

C’est l’argument que reprennent les signataires d’un appel à la suppression de la notation à l’école élémentaire. Pétition initiée par l’Association de la Fondation étudiante pour la Ville (AFEV) et signée par vingt grandes personnalités dont Boris Cyrulnik neuropsychiatre, Richard Descoings directeur de Sciences Po Paris, François Dubet sociologue, Alex Kahn généticien et président d’Université, Eric Maurin économiste, Michel Rocard ex premier ministre...

Daniel Pennac prix Renaudot en 2007 avec « Chagrin d’école » explique au Nouvel Observateur pourquoi il a signé cet appel : « je préfère infiniment l’entraide entre les enfants que l’écrasement des nuls par les forts » indique-t-il. Selon lui, les notes induisent une compétition pour avoir les meilleures et non le partage et d’expliquer que lorsqu’il a pu voir des « enfants s’entraider dans l’effort d’apprentissage, les plus habiles aidant les plus inhibés » il a pu constater « chez les premiers une joie du partage et chez les seconds des progrès spectaculaires » ce qui les « rendait tout heureux d’aller à l’école » et de conclure « la dynamique des bons élèves doit profiter absolument à ceux qui sont au départ, pour toutes sortes de raisons, inhibés par l’école ». Comme on s’en doutait, le ministre de l’éducation nationale Luc Chatel a réagi « il ne faut pas voir la note comme l’échec, comme le rejet, comme la sanction. C’est aussi l’évaluation d’un travail, cela peut être pour l’élève un objectif…un projet de progression …. La note, elle est utile pour avoir des repères, pour mesurer les résultats des élèves ». 

Alors, comment concilier ces deux points de vue qui sont parfaitement logiques ? Tout simplement en dissociant la notation du classement (pas question de savoir si l’élève est premier, cinquième ou dernier), en établissant un classement par classe et non plus individuel (quel bel enjeu pour les élèves d’une classe à se mesurer à une autre classe ; quel beau message de coopération ce challenge leur apporterait…).

Cette nouvelle démarche n’est pas neutre : elle apporterait un changement radical dans le comportement de l’enfant devenu adulte qui passerait de l’envie de dominer et d’être le plus fort, de la culture de l’individualisme - tout le capitalisme repose sur ce concept d’être le meilleur et le plus fort – à une démarche de solidarité, d’entraide qui ne peut qu’être bénéfique pour la Société, pour l’Entreprise, pour la Famille …







mardi 14 décembre 2010

La reconnaissance : un besoin fondamental



Le besoin de reconnaissance est fondamental, il nous est aussi important que celui de respirer et de manger. Nous l’avons tous en nous dès notre naissance. Ce besoin de reconnaissance est lié à notre besoin d’aimer et d’être aimé. Il a été scientifiquement prouvé qu’un nouveau-né sans affection ne peut se développer correctement, que deux prématurés ensemble ont plus de chance de survie qu’un prématuré seul et que nous sommes souvent très tristes voire déstabilisés le jour où nous nous retrouvons seul dans une pièce sans avoir un coup de fil à donner ou à recevoir : on ne vit qu’à travers les autres. Ce qui a fait dire à Jean-Jacques Rousseau « dès qu’ils vivent en société, les hommes éprouvent le besoin d’attirer à eux le regard des autres. Autrui est alors nécessaire à ma propre complétude. Le besoin d’être regardé, la recherche de l’estime publique représente non un vice mais un besoin constitutif de l’espèce humaine. En somme, nous avons un besoin impérieux des autres, non pour satisfaire notre vanité, mais parce que marqués d’une incomplétude originelle, nous leur devons notre existence même. »

Un management bien compris prend en compte ce besoin de reconnaissance.
Le manager informe ses salariés (combien de salariés apprennent par les journaux que leur entreprise a été vendue, que leur PDG a changé…)
Il implique les salariés (combien de salariés sont mis devant le fait accompli d’une nouvelle organisation, de changements d’horaires...sans qu’on leur ait demandé leur avis…)
Il remercie (ce n’est pas parce qu’une personne est payée pour faire une chose qu’on ne doit pas la remercier…)
Il responsabilise (la démocratie dans l’entreprise - au contraire du paternalisme dans lequel le patron assume tout y compris le bonheur de ses salariés - invite à prendre en main son destin économique…)
Il est dans l’humilité et la simplicité (personne n’est à l’abri d’une erreur : savoir la reconnaître et même présenter des excuses est un signe très fort d’humilité et de simplicité)
Il respecte (respecter, c’est déjà donner de bonnes conditions de travail, c’est aussi accepter les autres dans leur différence physique, philosophique, religieuse…et leur permettre de vivre cette différence ; respecter c’est encore comprendre que tout un chacun a besoin d’une vie décente pour satisfaire ses besoins élémentaires, nourrir sa famille, instruire ses enfants, les soigner quand ils sont malade …)
Il favorise l’épanouissement (le manager qui a le souci du besoin de reconnaissance favorisera la promotion interne, les formations…)

Notre société actuelle – et c’est la source de tous ses problèmes - répond mal à ce besoin de reconnaissance. Déjà, dans l’entreprise : ne cherchons pas plus loin les causes du stress, de la dépression, des conflits, de la souffrance au travail … Ensuite dans la cité : fracture sociale, quartiers difficiles, exclusions … Enfin dans le monde : fossé Nord/Sud, pauvreté, famine…
L’homme a soif de dignité et on lui fait la charité qui est un bon début de réponse mais partielle… (cf. billet du 27.07.10 ). La refondation du capitalisme a pour vocation première de répondre à ce besoin.





samedi 4 décembre 2010

Le panier aux crabes



L’entrée en force et en surprise de LVMH chez Hermès fut l’événement boursier du mois d’octobre.
Bertrand Puech, héritier d’Hermès, descendant du fondateur à la cinquième génération, président de la société familiale Emile Hermès et Patrick Thomas, gérant du Groupe, ont très mal pris cette intrusion et l’ont vécue comme un viol.
Faut dire que Bernard Arnault - PDG de LVMH, déjà propriétaire de Dior, Moët Hennessy, Louis Vuitton et bien d’autres marques prestigieuses, à la réputation de prédateur - bien qu’il dise à qui veut l’entendre que cette prise de participation était tout à fait amicale et qu’il ne demandait pas de siège au conseil de surveillance, n’a pas tout à fait été loyal dans cette transaction et a contourné la loi qui prévoit qu’un acheteur doit déclarer son identité lorsque sa prise de participation dépasse les 5%.
Bernard Arnault a pour ceci demandé à quatre banques sans les avertir de la présence des autres de prendre des participations dans Hermès sous la barre des 5%. Actions que ces banques lui ont revendues en échange d’une rétribution en actions ; ce qui a constitué une opération neutre pour les établissements financiers : « ni vu, ni connu ». Cette méthode porte un nom, ce sont les contrats Equity Swap. Contrats tout à fait légaux du reste.
C’est comme çà qu’un beau jour, LVMH s’est retrouvé propriétaire de 17,1% du capital d’Hermès. Les dirigeants du Groupe Hermès ont alors contre attaqué et sommé Bernard Arnault de se retirer. Pour ce faire ils se sont offert les services de Jean-Michel Darrois, star du barreau de Paris qui avait déjà eu dans le passé l’occasion de s’opposer à LVMH dans l’assaut manqué de GUCCI.
Comme on s’en doute, Jean-Pierre Jouyet président de l’autorité des marchés financier (AMF) a déclenché une enquête et Christine Lagarde ministre de l’économie a même proposé de modifier la législation concernant le franchissement des seuils.

Quelles conclusions peut-on tirer de ce feuilleton financier ?
D’abord, qu’à ces plus haut niveaux, on ne se fait pas de cadeaux : c’est bel et bien la guerre provoquée par l’ambition des uns et des autres. C’est un peu la guerre des Seigneurs des temps anciens…
Autre conclusion : le but final de cet affrontement, c’est le pouvoir ; et à ce sujet on oublie un acteur important pourtant concerné au premier chef : les salariés de chez Hermès ! Qui dit changement de pouvoir dit changement de stratégie. En terme de risques, ces salariés sont en première ligne, ont certainement leur avis à donner : comment leur offrir la possibilité de le faire ? Peut-être par un droit de veto ! Et bien sûr par l’élection de leur PDG (cf. billet n° 1 ). C’est un des enjeux de la refondation du capitalisme.





Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...