mardi 23 mars 2010

Confusion entre compétence et pouvoir

Est-il nécessaire d’avoir fait des études de médecine pour choisir son médecin ?
Est-il nécessaire d’être doué en mécanique pour choisir sa voiture ?
Est-il nécessaire d’avoir fait HEC pour choisir son PDG ?
Ces trois questions sont du même ordre, celui de savoir dissocier compétence et pouvoir. On peut avoir le pouvoir ou le droit de choisir sans avoir la pleine connaissance ; sachons faire confiance à notre bon sens et à notre intuition.

C’est sur ce constat qu’est basée la démocratie ; combien d’électeurs ont-ils la connaissance des problèmes et les compétences pour choisir le président de la république, le député, le maire ? Ce qui est vrai dans la vie publique l’est aussi dans l’entreprise. Dans mon discours sur la démocratie on m’objecte souvent que les salariés sont loin d’avoir la compétence et l’objectivité pour choisir leur PDG ; mais combien d’actionnaires ont-ils cette même compétence et objectivité pour choisir leur PDG ? Si c’était le cas, on pourrait en déduire que la possession d’actions donne la compétence nécessaire. Les salariés de chez Bouygues ou de chez Auchan – qui possèdent 14% de leur entreprise respective - seraient-ils plus intelligents que les autres salariés ? Ils sont certes plus impliqués mais sûrement pas plus intelligents.
Le grand pari de la démocratie dans l’entreprise est justement de rendre les gens responsables par leur bulletin de vote : c’est par le changement des structures que nous changerons les mentalités. A-t-on attendu que les gens sachent conduire pour inventer la voiture ? Quand on veut savoir où l’on va il est bien de regarder d’où l’on vient. Aurait-on imaginé il y a soixante cinq ans que les femmes aient le droit de vote ? Aurait-on imaginé il y a trente ans qu’en Afrique du Sud un président noir soit élu par l’ensemble des africains quelle que soit la couleur de leur peau ? Aurait-on imaginé il y a cinquante ans qu’ aux USA les noirs puissent voter et qu’un président soit issu de leur rang ? Le pari que je fais – mais je ne verrai certainement pas sa réalisation – c‘est que dans une vingtaine d’année on se dira : « quand on pense que les hommes et les femmes qui passent 50% de leur temps en entreprise et en tirent à 90% la qualité de leur vie n’avaient pas le droit de donner leur avis sur le choix de leur patron ! » On se dira qu’on se privait de pas mal de compétences et de pertinence ! En effet, ceux qui vivent la moitié de leur temps dans l’entreprise ont certainement des repères aussi riches et intéressants que ceux qui vivent l’entreprise uniquement à travers des cours d’action.
Le pari que je fais aussi est que si tous les patrons de France étaient élus par leurs salariés, 90% d’entre eux seraient confortés dans leur autorité.
On ne veut pas « bouffer du patron pour bouffer du patron » ! On veut un patron dynamique, intelligent, qui aime son entreprise, qui aime ses salariés. Et c’est le cas de beaucoup d’entre eux.
Soyons lucides cependant ; il y aura toujours une minorité de déstabilisateurs qui seront sensibles à la démagogie. Si l’on fait le parallèle avec les échéances politiques on voit que ces démagogues ont de la difficulté à dépasser les 3% de suffrages.
Il est vrai aussi que l’erreur est humaine et qu’on peut se tromper en choisissant son patron ; mais c’est valable aussi bien en conseil d’administration que dans une assemblée de salariés.
La démocratie dans l'entreprise est la pierre d’angle de la refondation du capitalisme.

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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...