Je participais récemment à une table ronde sur le thème de la qualité de vie au travail. Nous étions quatre intervenants : un chef d’entreprise, une consultante en management, une consultante en développement durable et moi-même. Cela se passait dans une grande Ecole de Formation Continue et le public se composait essentiellement de professionnels des Ressources Humaines, de cadres et de dirigeants. Chaque intervenant a tour à tour donné sa vision sur la qualité de vie au travail.
Pour ma part, j’ai parlé de l’évolution du salarié qui est passé du besoin d’avoir au besoin d’être et de son besoin de reconnaissance auquel l’entreprise doit répondre à la fois par une meilleure information et à la fois par l’implication du salarié aux décisions concernant ses conditions de travail. Tout naturellement, j’ai aussi parlé de mon expérience de patron noté et élu par ses salariés (cf. billet n° 1 de ce Blog) et de la place à donner à la démocratie dans l’entreprise pour que chaque salarié devienne un citoyen économique. Mais j’ai très vite compris que la majorité du public « décrochait » et que je n’étais pas sur la même longueur d’onde que mes collègues intervenants ; je faisais figure d’ « ovni » voire d’extra terrestre. Cette situation plutôt inconfortable pour moi m’a remis en question et poussé à en chercher les causes : avais-je été maladroit ou trop passionné dans mon exposé ? En fait, la réponse est beaucoup plus simple : mes collègues intervenants étaient dans le « comment » et j’étais dans le « pourquoi » ; ils apportaient des recettes pour combattre le stress, pour une meilleure motivation… mais ne se posaient pas la question de fond du pourquoi de l’entreprise et de sa finalité. Et paradoxalement c’est en se posant cette question de fond qu’on trouvera les solutions du « comment ».
Dans les Ecoles de commerce, en effet, on apprend comment gagner de l’argent, comment bien gérer une entreprise, comment motiver son personnel, comment mieux vendre son produit ou son service, comment mettre en place le Développement Durable … Mais on n’apprend jamais pourquoi l’entreprise, pourquoi le système capitaliste, pourquoi un bon management, pourquoi le Développement Durable… Et pourtant, c’est le « pourquoi » qui donne du Sens et définit la finalité de toutes choses. Je comprends mieux maintenant pourquoi je peux paraître un « ovni » lorsque je parle de la finalité sociétale de l’entreprise. Or, c’est bien le « pourquoi » qui conditionne les moyens et remet en question. Un exemple très simple : pourquoi les jeux olympiques ? La plupart répondent pour le sport, la politique, l’économie… Mais si l’on a compris que dans l’esprit de Pierre de Coubertin la finalité des JO était de rassembler les hommes, alors le « comment » devient différent.
Nous sommes dans une société du « comment » ce qui explique la multitude de consultants. Le « comment » fait appel à notre intelligence rationnelle, le « pourquoi » interpelle notre conscience et notre intelligence du cœur en même temps qu’il libère l’homme de sa condition animale. C’est l’Ethique éclairée.
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