lundi 27 février 2012

Une bonne idée du candidat Nicolas Sarkozy



Dans cette campagne électorale pour la présidentielle, depuis que Nicolas Sarkozy s’est officiellement déclaré comme candidat, chaque jour on a droit à de nouvelles propositions : référendum sur le chômage, dose de proportionnelle dans les élections législatives, augmentation de 1000 € par an pour 7 millions de français, suppression des retraites chapeau et des parachutes dorés…  Parmi ces propositions - toutes fort intéressantes même si elles suscitent débat et controverse – Nicolas Sarkozy a proposé, pour mettre fin à l’escalade indécente des rémunérations des grands patrons, que celles-ci soient votées à l’assemblée générale des actionnaires comme c’est déjà le cas en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ; quand on sait que les salaires des patrons du CAC 40 ont augmenté de 34% ces dernières années et qu’ils tournent autour de 1 à 10 M€ par an, cette proposition originale ne peut avoir qu’un accueil favorable de toutes parts.

Mais pourquoi limiter ce contrôle uniquement aux actionnaires ? Pourquoi ne pas l’étendre aux salariés ou à leurs représentants ? N’est-ce pas de la discrimination sociale ?
Est-ce lié à leur statut de salarié ? Dans ce cas-là les salariés qui sont aussi actionnaires dans leur entreprise (le cas de Bouygues ou Auchan entre autres) n’auraient pas le droit de vote sous prétexte qu’ils sont salariés.
Est-ce parce que les salariés seraient moins responsables, moins compétents ? Pourtant ce sont les mêmes qui sont appelés à voter pour choisir leur Président.
Est-ce parce que les salariés seraient partisans dans leurs avis et pas objectifs dans leurs choix ? Détrompons-nous ! Les salariés savent qu’il y a aussi un marché du travail pour les patrons et que s’ils veulent avoir le meilleur ils doivent s’en donner les moyens. Tout le monde le comprend dans le sport par exemple pour les équipes de foot ou de rugby.
Est-ce parce que les actionnaires sont seuls à risquer leur capital ? Mais les salariés risquent beaucoup plus ! Leur emploi ! Et en cas de crise ils sont malheureusement en première ligne.

En fait, le seul frein à ce que les salariés aient leur mot à dire pour la rémunération de leur patron, ce sont nos a priori. Quand comprendrons-nous que le monde a évolué et que le temps des esclaves et des sujets est fini. Les salariés sont à même de comprendre et de donner leur avis sur la rémunération de leur patron ; ce serait la première étape, la première marche, pour l’élection du patron conjointement par les salariés et par les actionnaires dans les entreprises (cf. billet n°1 de ce Blog ).

vendredi 24 février 2012

Du rififi chez Veolia


Dans cette campagne présidentielle les changements économiques prennent tout de suite une dimension politique et prêtent à polémique. On a pu le voir avec les entreprises Lejaby et Photowatt, on le vit maintenant avec l’entreprise Arcelor Mittal sur le site de Gandrange.

Mais ce qui fait aujourd’hui la une des journaux serait l’éventuelle nomination de l’ancien ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo, à la tête du Groupe Veolia en échange de sa renonciation à  sa candidature à l’élection présidentielle et de son ralliement à Nicolas Sarkozy. C’est ce que disent les adversaires du Président sortant ; mais rien n’est prouvé en la matière…

Ce qui est plus inquiétant, ce sont les manœuvres de Henri Proglio PDG d’EDF et ancien PDG de Veolia, pour « débarquer » Antoine Frérot l’actuel PDG de Veolia sous prétexte de sa gestion catastrophique et de la perte de quelques 400 M d’€  en 2011 (cf. Le Monde 21.02.12). Pour la destitution d’Antoine Frérot Henri Proglio, administrateur dans la Société Veolia, n’a pas hésité à agir en coulisses pour convaincre plusieurs de ses collègues administrateurs – et pas des moindres : Costa de Beauregard qui représente la famille Dassault, Philippe Kourilsky professeur au Collège de France, Serge Michel patron de la société de conseil Soficot, Louis Schweitzer ex PDG de Renault - pour les persuader de faire ce « coup d’état » à la tête de Veolia. Il n’en est pas à son coup d’essai : Anne Lauvergeon ex PDG d’ Areva en a fait les frais.

Sans entrer dans les dessous de cette affaire, quel est le mobile réel d’ Henri Proglio ? En quoi Nicolas Sarkozy  a-t-il suggéré voire influencé cette promotion de Jean-Louis Borloo ? On ne le saura certainement jamais !

Ce qui est étonnant c’est que dans une entreprise comme Veolia qui emploie plus  300 000 collaborateurs à travers le monde dont 100 000 en France, seulement quelques personnes mandatées uniquement par les actionnaires puissent décider quel sera le nouveau patron sans demander l’avis des collaborateurs qui sont pourtant les premiers concernés par ce changement.

Dans cette campagne électorale, de l’extrême droite à l’extrême gauche, on n’entend personne s’élever contre le fait que quelques hommes puissent décider du sort de Veolia. Pourtant, il serait de l’intérêt des salariés de Veolia et des actionnaires que chaque prétendant puisse exposer son programme et faire preuve de pédagogie pour expliquer les enjeux de Veolia. Cela s’appelle tout simplement de la démocratie (cf. billet n°1 de ce blog). Chaque jour des gens meurent pour le droit de vote ! Quand comprendrons-nous que le salarié est aussi citoyen économique et que dans son entreprise il ne doit pas être considéré seulement comme un sujet mais comme un acteur à part entière ?

mercredi 15 février 2012

Haro sur Renault


La classe politique est unanime, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Nicolas Sarkozy, on a trouvé les responsables de tous nos maux : chômage, délocalisations, bas salaires…. C’est la faute aux pays en voie de développement (PVD)et à fortiori des pays dits pauvres où des gens acceptent de travailler pour 2 € par jour plutôt que de mourir de faim.
On a pu le mesurer à l’occasion de l’inauguration de l’usine Renault à Melloussa près du port de Tanger au Maroc, cette usine qui va créer 6 000 emplois et 30 000 chez les sous-traitants et dont l’objection est de produire de 150 à 170 000 mono-space low-cost Lodgy et le double dès 2013 avec l’installation d’une deuxième chaîne de montage.
Les réactions ont été très vives : Christian Estrosi député UMP des Alpes-Maritimes et ancien ministre de l’industrie « je suis scandalisé ; cette affaire est une provocation » ; Gérard Larcher ancien président du sénat a rappelé à Carlos Ghosn sa responsabilité sociétale ; Bruno Le Roux, porte parole du PS, a pointé la défaillance dans ce dossier de l’Etat actionnaire à 15% de Renault ; plus virulent, Arnaud Montebourg a fustigé une « prime à la casse de l’industrie française » ; les syndicats ne sont pas en reste : Fabien Gache délégué CGT de Renault dénonce un moyen de pression considérable sur les salariés français. Le Maroc et tous les PVD sont unanimement accusés de faire du dumping social. Mais à bien y réfléchir, ne faisons-nous pas aussi du dumping technologique ? Sous prétexte de maîtriser la science et la technologie n’imposons-nous pas aux pays pauvres notre dictat économique ? Le jeu est inégal : d’un côté les PVD n’ont pour argument que leurs salaires de misères et de l’autre les entreprises qui maîtrisent  les technologies de pointe. C’est Pascal Lamy, Directeur Général de l’OMC, qui a dit que « le colonialisme n’est pas terminé, il est maintenant sous d’autres formes ».

Quand comprendrons-nous qu’il est de notre intérêt de donner du travail à ces pays pauvres ? Il en va de notre dignité et de leur dignité et de la Paix dans le monde. Le terreau du terrorisme, c’est la pauvreté. Au risque de provoquer je dis tant mieux si Renault a permis de créer plus de 30 000 emplois au Maroc ; cela est préférable à une vague d’immigration que nous sommes incapables de gérer. Et je trouverais tout à fait normal que Michelin par exemple ait un site de fabrication de pneumatiques en Afrique d’où il tire l’essentiel de sa matière première : le caoutchouc.

Et si le remède à nos maux (chômage, délocalisations, bas salaires…) était un partage plus équitable des richesses ? Il y aurait largement de quoi indemniser les 4 millions de chômeurs que compte la  France. Ce n’est malheureusement pas dans ce sens que nous allons puisque Nicolas Sarkozy nous promet un référendum pour revoir les modalités d’indemnisation des chômeurs qui sont à son avis trop laxistes…


mardi 7 février 2012

Les dessous de Lejaby


On a appris avec plaisir et surprise que les 93 ouvrières du site Lejaby à Yssenjeau, même si elles n’ont pas pu sauver leur métier, avaient réussi à sauver leur emploi. Elles ont en effet été reprises par la société de maroquinerie Sofama (200 salariés) implantée dans l’Allier et dirigée par Vincent Raberin.  Grâce entre autres à l’intervention de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquier ministre de l’enseignement supérieur, enfant du pays et, plus surprenant, grâce à l’intervention de  Bernard Arnault proche du chef de l’Etat, PDG de LVMH maison mère de Louis Vuitton et 4ème fortune au monde. On ne peut que se réjouir de cette bonne nouvelle tout en regrettant que les 350 autres salariés de Lejaby licenciés ou en passe de l’être sur les sites de Rillieux-La-Pape (Rhône), Bellegarde (Ain), Bourg-en-Bresse (Ain) et Le Teil (Ardèche) n’aient pas eu la même chance.

Ce sauvetage très médiatisé soulève bien des questions…
Quelle a été la part de calcul et de gratuité dans l’initiative du chef de l’Etat ? Aurait-il fait la même chose hors période électorale ?
Pourquoi après avoir été reçue à l’Elysée la délégation des ouvrières de Lejaby Issenjeau l’a-t-elle aussi été par Bernard Arnault dans la très chic avenue Montaigne ? Cela signifie-t-il que  son intervention ne s’est pas limitée à garantir à Vincent Raberin l’ engagement de Louis Vuitton sur un carnet de commandes dans la durée mais a dépassé cette simple garantie ?
Dans cet engagement, Bernard Arnault qui donne quand-même du travail à 93 ouvrières, ne va-t-il pas « déshabiller » l’un de se fournisseurs pour « habiller » l’autre ? Ou bien cette garantie – ce qui serait surprenant - porte-telle uniquement sur un surcroît de ventes de Louis Vuitton ?
Quel soutien financier ou aides diverses l’Etat a-t-il apportés à la Société Sofama pour reprendre les 93 ouvrières ? Et si soutien il y a va-t-il à l’encontre de toutes les règles contre le dumping (concurrence déloyale) sur lesquelles Bruxelles est très pointilleuse pour que les Etats n’apportent pas de soutiens indus aux entreprises.
Enfin, Nicolas Sarkozy et Bernard Arnault ont-ils passé un « deal » dans cette affaire ? Et si oui, lequel ?

Cependant, restons positifs ! Même si ce sauvetage présente quelques facettes obscures, réjouissons-nous que 93 emplois aient été sauvés tout en regrettant qu’une marque comme Lejaby puisse mourir et pareil savoir-faire disparaître. Il y avait certainement d’autres solutions – entre autres la création d’une Scop – mais aussi urgence en la matière ! Cela nous laisse tout de même l’impression d’un immense gâchis.

 



Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...