lundi 12 octobre 2009

Le Pape et un curé sur les « barricades »

« Un curé sur les barricades », tel est le titre d'un article de Chloé Aeberhardt consacré au Père Bachet dans le JDD du O6.O9.O9.

L'histoire de Philippe Bachet n'est pas banale ; soixante huit ans, curé de Villemur/Tarn dans la Haute-Garonne, le Père Bachet aurait pu, comme tous ses confrères, se limiter à bien gérer sa paroisse : baptêmes, communions, mariages, enterrements... Mais voilà, le 23 octobre 2OO8, la direction américaine de «Molex» décide - uniquement pour des motivations financières - de fermer le site de Villemur/Tarn, usine spécialisée dans la connectique automobile, avec pour conséquence le chômage pour 283 salariés. Philippe Bachet s'est senti immédiatement concerné : «en tant qu'homme d'Eglise proche de Saint François dAssise, je ne pouvais pas ne pas m'opposer à ce capitalisme odieux (…) Si les américains veulent sa fermeture, c'est pour gagner plus d'argent ; la dignité de ces travailleurs qui se mobilisent jour et nuit pour protéger leurs outils et leur savoir-faire, ils s'en moquent ; et çà, c'est contraire à la doctrine sociale de l'Eglise».
Remonté à bloc, le Père Bachet multiplie les actions de soutien : lors d'une journée 'ville morte' initiée en novembre par le comité d'entreprise de Molex, il sonne symboliquement le glas. Encouragé par son évêque, qui lui a donné son appui, il organise en février un concert au profit des salariés de l'usine avant de participer le 1er mai à la première manifestation de sa vie.
«J'ai hésité à y aller» reconnaît-il « je n'étais pas sûr de m'y sentir à ma place : je ne suis pas un prêtre ouvrier, je ne lutte pas pour des raisons politiques. Mais puisque je m'étais engagé dans ce combat, je trouvais normal de faire les choses jusqu'au bout ; d'ailleurs, Denise Parise (secrétaire du comité d'entreprise de « Molex ».) a apprécié ma présence dans le cortège. A défaut d'avoir des personnalités politiques locales dans leurs rangs, ils avaient un curé!».
Début juillet il écrit une lettre au président de la République. Mi-août, il monte et prend la tête du comité de soutien de Villemur dont le rôle est d'apporter une aide matérielle et morale aux salariés.

A cet article particulièrement sympathique, j’ajouterai des extraits de l’article de Jean-Marie Guenois dans le Figaro du 05.10.09 sur le discours du Pape à Rome inaugurant le second synode sur l’Afrique : « Benoît XVI s’est ainsi attaqué hier à Rome à un certain colonialisme qui continue d’affecter l’Afrique ‘le colonialisme est fini sur le plan politique mais il n’est jamais complètement terminé’ a-t-il lancé dans son homélie. Car ‘le soi-disant premier monde continue d’exporter sur ce continent des rejets spirituels toxiques qui contaminent les populations. Dont une maladie déjà active dans le monde occidental : le matérialisme pratique combiné à une pensée relativiste et nihiliste ».
Un discours plutôt décapant qui remet en question le capitalisme et toutes ses valeurs superficielles.

Quels messages pouvons-nous retirer de ces deux articles ?
Le premier est qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre le fait d’être chrétien et la remise en question du système capitaliste.
Le second est que les croyants de tous bords ont plus que les autres le devoir de remettre en question notre société.
Le troisième est qu’on peut avoir des idées de gauche sans être politiquement de gauche.
Cessons de faire l’amalgame entre la gauche et l’anticlérical et de penser que la droite est la seule à défendre des idées religieuses et spirituelles.
Benoît XVI et Philippe Bachet nous en font la démonstration.



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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...