samedi 17 juillet 2010

Nicolas Hayek, un « vrai » patron


« Je me reposerai quand je serai mort ».
Depuis le 28 juin 2010, à 82 ans, Nicolas Hayek se repose enfin ! Repos bien mérité, vie bien remplie dont il peut être fier. Il est l’inventeur de la première montre en plastique à quartz fabriquée en Suisse : la Swatch. Il en aura écoulé 400 millions dans le monde entier. Fort de 19 marques, en 2009 son empire pesait 4 milliards d’euros de chiffre d’affaire et employait 24 000 personnes dans ses quelque 160 usines. Ce patron extrêmement humain a toujours refusé de prendre la main d’œuvre comme une variable d’ajustement ; dans la crise qui a frappé le secteur en 2008-2009 il s’est efforcé de ne pas licencier à l’inverse de la plupart de ses concurrents (cf. Le Figaro du 29.06.10 Florentin Collomp et Fabienne Reybaud ).
Son dernier projet, comme il l’avait fait pour les montres était de permettre à tout un chacun de posséder une petite voiture ; et pour ceci il crée la smart. Malheureusement, son associé Mercedes a dénaturé ce projet ; elle est en fait devenue une voiture plutôt snob et réservée à une élite.

Nicolas Hayek était à la fois visionnaire et humaniste.
Voici des extraits de son discours du 05 septembre 2008 à l’assemblée générale du lobby des patrons de l’économie suisse dans lequel il évoquait le rôle et la responsabilité des entrepreneurs.
« … Pour moi, un entrepreneur n’est pas, comme beaucoup le pensent, le propriétaire d’une entreprise. La bonne définition de l’entrepreneur c’est plutôt son esprit. Esprit d’entreprise qui peut exister en chacun de nous. Avant tout, l’entrepreneur est un artiste ! Plein de fantaisie avec un esprit d’innovation, c’est un communicateur, quelqu’un d’ouvert aux idées nouvelles, capable de remettre en question aussi bien notre société que lui-même, amoureux de la beauté et sensible au destin de notre planète Terre et de l’univers »
« L’entrepreneur doit aussi être capable de prendre des risques, être un réalisateur courageux, rapide et conséquent. La réalisation est la partie la plus difficile de la créativité. »
« Il doit également être prêt à servir les autres, l’humanité et l’ensemble de la société. Son rôle est de créer de nouveaux emplois, de nouvelles richesses, de vraies valeurs, ou à y contribuer, et cela aussi bien au plan matériel que moral. »
« Notre entrepreneur doit aider à améliorer les ressources de notre planète, dans le cadre de ses possibilités. « Sa stratégie ne doit pas être de dégager un profit financier maximum à court terme, voire immédiat. Sa stratégie doit au contraire viser un développement durable et axé sur le long terme. »
« Pour ses collaborateurs et ses collègues, il doit être un « motivateur » et un exemple. Dans ce cadre, le sens de l’honneur est l’un des critères les plus importants . »
« Enfin, l’entrepreneur doit être passionné et enthousiaste ; l’enthousiasme et l’amour de son travail et tout ce qui lui est lié sont les qualités émotionnelles les plus importantes d’un entrepreneur. Il ne considère pas ses actions comme du travail…il s’amuse. S’il n’a pas ce plaisir, il aura peu de chances de connaître le succès. »

Quel beau message de jeunesse, de dynamisme et d’humanisme nous laisse Nicolas Hayek ! Je ne sais pas combien il gagnait : certainement beaucoup. Mais peut-on le lui reprocher ? Il donnait beaucoup aussi.
Le fait que puissent émerger de tels génies est à mettre au crédit du système capitaliste. Ne coupons donc pas la branche sur laquelle nous sommes assis. Refonder le capitalisme ce n’est pas l’ éradiquer.







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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...