mardi 4 octobre 2011

L’Europe et la pauvreté


Alors que l’Europe se mobilise non sans mal pour sauver la Grèce et l’euro on peut être tout à fait surpris qu’elle n’ait pas la même volonté d’être un soutien pour les pauvres.

En 1987, suite à l’appel de Coluche, fondateur des Restos du cœur, Jacques Delors – alors président de la Commission européenne - a mis en place le PEAD (Programme européen d’aide aux plus démunis). Ce programme avait pour idée d’utiliser les stocks alimentaires européens en faisant bénéficier les plus démunis via 240 associations à hauteur de 480 millions d’euro. Treize millions de personnes sont concernées : les principaux bénéficiaires sont l’Italie, la Pologne et la France.

Suite à une baisse de ces stocks liée à une modification de la politique agricole commune (PAC), depuis deux ans l’Union européenne a compensé par d’importants achats de nourriture à destination des banques alimentaires. L’Allemagne a porté plainte sous prétexte que la PAC ne doit pas financer l’aide sociale ce à quoi Bruno Lemaire - ministre français de l’agriculture - a répondu « je suis prêt à regarder d’autres sources de financement » ; il s’en est suivi une décision de la Cour européenne de justice de Luxembourg qui a estimé que ces achats étaient incompatibles avec la politique agricole de l’U.E. Des conflits sont nés de cette divergence de vue ; l’Allemagne, le Royaume Uni, les Pays-Bas, la République Tchèque, le Danemark et la Suède se sont opposés à un maintien du PEAD à son niveau actuel pour 2012 et 2013. Conséquence : le fonds de 480 millions d’euro attribué annuellement à la pauvreté via les ONG devrait revenir à hauteur de 113 millions d’euro soit diminuer de 76%. La part de la France sera considérablement réduite passant de 72 millions à 15 millions soit une réduction de 80%. Cette décision a provoqué un tollé, le Président Sarkozy est intervenu et les ONG – à commencer par les Restos du cœur – ont vivement réagi. Olivier Berthe – Président des Restos du cœur – assure « en 25 ans que le programme existe c’est la première fois que nos quatre associations se réunissent pour pousser un cri d’alerte. Si demain une décision n’est pas prise (…) il y aura une crise humanitaire, une crise alimentaire dans ce pays ».   Cette diminution devrait se traduire pour 2012 par 130 millions de repas distribués en moins. C’est un véritable tsunami alimentaire. « En Espagne, c’est 50% des approvisionnements des banques alimentaires, en Italie les 2/3, en Pologne et en Hongrie, 90% », souligne Alain Seugé président du réseau français de ces banques et vice-président de la Fédération européenne.

Alors que de toutes parts on fait appel à la solidarité vis à vis de la Grèce, l’Europe a-t-elle le droit de freiner son aide aux plus démunis ? Sa vocation est-elle seulement économique et financière ? De même que l’entreprise, l’Europe n’a-t- elle pas aussi un devoir humanitaire ? Sinon cela serait à désespérer de l’idéal que l’on s’en fait. Décision au prochain conseil des ministres de l’Europe en octobre. Affaire à suivre…


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Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
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