vendredi 22 juillet 2011

Une exception qui devrait être la règle


La nouvelle est passée presque inaperçue et pourtant… elle est de taille ! Dans le Figaro du 13 juillet 2011 on lit sous la plume d’Yves Miserey : « Sida : une firme baisse le prix de ses médicaments pour les pays pauvres. A l’initiative de la Fondation suisse Medicines Patent Pool créée en 2010 par Unitaid, le laboratoire pharmaceutique américain Gilead, une des firmes les plus innovantes dans la recherche contre le sida, renonce, pour certains pays, à ses brevets sur quatre molécules dont deux ne sont pas encore sur le marché. Les fabricants indiens de génériques vont pouvoir ainsi produire et combiner des copies à bas prix des traitements anti-VIH de Gilead et les commercialiser dans les pays les plus pauvres. Ce qui fait dire à Philippe Douste-Blazy, Directeur d’Unitaid « pour la première fois, les malades du sida des pays en développement vont avoir accès aux mêmes médicaments que ceux vivant dans les pays riches ».

Actuellement, le seul traitement accessible dans les pays du sud est Triomune pour un montant de 50 € par an soit 80 à 100 fois moins cher qu’un traitement moyen au nord. « Mais cet antirétroviral est ancien ; il a été mis au point il y a une quinzaine d’années, il a de nombreux effets secondaires et il n’est efficace pas plus de deux à trois ans » souligne Emmanuel Trénado directeur des programmes internationaux d’Aides, une des dix associations françaises. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande de ne pas l’utiliser.

Malheureusement Merck ainsi que Johnson & Johnson (deux autres laboratoires ayant des médicaments contre le sida dans leur catalogue) n’ont pas accepté les propositions de Patent Pool. Pourtant, le coût de chacune de leurs molécules (un peu plus de 700€ par an et par patient) est tellement élevé qu’ils ne vendent que quelques dizaines de boîtes en Afrique. Ils font un mauvais calcul, parce que en acceptant de génériquer leurs produits, ils auraient des rentrées financières, l’accord prévoyant que le concepteur touche 5% sur les génériques.

Qui refuserait de donner un médicament à quelqu’un de malade et dont on sait que la vie est en danger ? Pourtant c’est ce que font Merck, Johson & Johnson et bien d’autres encore dans la logique de notre système économique : 17 millions de personnes meurent chaque année faute de médicaments que les pays riches savent fabriquer et pourraient livrer, soit l’équivalent de quinze tours jumelles qui s’écrouleraient chaque jour. Il y a urgence à refonder le capitalisme ; c’est notre responsabilité à tous et à chacun.



samedi 16 juillet 2011

Une contrevérité bien entretenue


Dans tous les livres traitant du Développement Durable (DD) les trois piliers représentés sont les personnes, la planète et l’économie ou le profit. Ce dernier pilier est inexact : ce n’est pas l’économie ou le profit mais le progrès. Le progrès dans tous les domaines qui nous permet de répondre aux enjeux du DD dont Madame Brundtland (alors 1er ministre de Norvège) a donné en 1987 une excellente définition « le développement durable est un développement qui répond aux attentes des générations présentes sans compromettre la réponse aux besoins des générations futures ». C’est grâce au progrès et aux chercheurs qu’avec de nouveaux médicaments la médecine va éradiquer les maladies. C’est grâce aux progrès de la technologie que les ingénieurs vont trouver des énergies renouvelables non polluantes. C’est grâce aux progrès de l’agriculture qu’on trouvera des réponses pour nourrir les 9 milliards d’habitants que nous serons en 2050. Dernièrement, la Société Rhodia a reçu le prix Pierre Potier en trouvant un additif qui élimine la totalité des particules émises par les moteurs diesels.
Alors, pourquoi cette contrevérité savamment entretenue ? Parce que, en mettant l’économie ou le profit en troisième pilier, implicitement on justifie le libéralisme, le profit, la productivité, pour faire passer d’une façon insidieuse le message du capitalisme. Il est vrai qu’on ne peut parler de DD sans parler d’économie mais l’économie n’est pas un de ces trois piliers, elle les englobe ; elle doit prendre en compte le respect des hommes, le respect de la planète et le progrès (ce souci permanent, grâce au génie humain, des nouvelles technologies).

La productivité pour la productivité ne mène à rien. La croissance pour la croissance ne mène à rien. Le profit pour le profit ne mène à rien. La refondation du capitalisme doit prendre en compte cette nouvelle donne.







mercredi 13 juillet 2011

Une charte éthique exemplaire


Bien que beaucoup d’entreprises ne possèdent pas une charte éthique elle est incontournable dans une société digne de ce nom. C’est la pierre angulaire de la culture d’entreprise. Elle sert à identifier la mission d’entreprise, ses Valeurs et ses engagements vis à vis de toutes ses parties prenantes à commencer par les clients et en passant par les collaborateurs, les actionnaires, la société civile, l’environnement, etc. Elle permet de valoriser l’image de l’entreprise, de fédérer les hommes autour d’un projet, en un mot de donner du Sens.

Malheureusement, dans les entreprises qui font l’effort de cette charte, il y a souvent des dérapages ; déjà à son élaboration - seul un petit groupe d’initiés travaille dessus sans prendre l’avis de celui qui est concerné au premier chef, à savoir le personnel de l’entreprise – ensuite dans sa communication – peu de personnes en sont informées – et, plus grave, dans son contenu.

Comparons par exemple les chartes de TOTAL, VALEO et L’OREAL.
Au départ, toutes ont le souci d’être responsables vis à vis de toutes leurs parties prenantes.

Mais là où çà commence à diverger c’est que chez TOTAL, cette charte se transforme en un nouveau règlement intérieur ; on demande à ses collaborateurs « de respecter les Valeurs et principes du code de conduite et en particulier :
Ø de se conformer aux lois et règlements applicables
Ø d’appliquer avec rigueur les règles édictées en matière de protection de la santé, de sécurité et de préservation de l’environnement
Ø d’établir des rapports clairs et honnêtes avec les clients et fournisseurs», etc. etc.

VALEO fait même plus fort : à la fin, son Code d’éthique est assorti de sanctions ; on peut y lire « toute violation du présent Code peut être sanctionnée par VALEO. Ces sanctions peuvent inclure , entre autres, un avertissement au salarié ou son licenciement en fonction de la gravité de la violation et de la loi nationale applicable.»

Alors que dans la charte L’OREAL c’est une invitation à une démarche éthique que L’OREAL se fait à lui-même – à commencer par la direction. On peut lire entre autres « chacun de nous doit :
Ø contribuer à ce que les informations figurant dans les documents financiers et professionnels soient toujours exactes
Ø conserver ces documents en toute sécurité
Ø éviter tout usage inapproprié du système d’information, des courriers électroniques et d’Internet», etc. etc.
Cette nuance est importante ; une charte éthique ne doit pas être un nouveau règlement intérieur mais une invitation à avoir un comportement responsable et doit être vécue comme une bouffée d’oxygène pour de meilleures conditions de travail et pour une entreprise citoyenne ; cette charte devrait en effet être l’occasion d’innovations sociales ou sociétales et selon le cas elle sera plus ou moins bien acceptée.
La Société L’OREAL a pour moi une charte éthique exemplaire ; mais est-elle pour autant une entreprise exemplaire ? Je n’ai pas les informations pour porter un jugement.





mercredi 6 juillet 2011

Deux poids, deux mesures


A l’assemblée générale du Groupe Carrefour le mardi 21 juin 2011, les actionnaires avaient à se prononcer sur le projet de scission de DIA (3ème opérateur mondial du hard discount : 6252 magasins principalement en Espagne et en France sous les marques DIA et ED et 52375 salariés) et de 25% de la partie immobilière de Carrefour (Carrefour Property).

A l’origine de cette proposition, les deux principaux actionnaires de Carrefour : le fonds « Colony Capital » et l’homme d’affaire Bernard Arnault qui possèdent à eux deux 20% des droits de vote. Proposition dont les motivations sont avant tout financières.

Après un débat houleux, 77% des actionnaires ont approuvé malgré une opposition vigoureuse : 21,5% ont voté contre.
Cette assemblée a été d’autant plus houleuse que les salariés s’étaient invités et c’est grâce à la présence d’un service d’ordre musclé que cette réunion a pu se tenir. Les syndicats protestent contre le démantèlement de Carrefour et la dérive financière de la politique du Groupe.

Que les actionnaires soient invités à se prononcer : rien de plus logique ! Mais pourquoi n’en est-il pas de même pour les salariés ? Ils sont à même d’avoir un avis aussi pertinent que les actionnaires sur le bien fondé de cette décision, pour peu qu’on se donne la peine de leur expliquer et que l’on n’ait pas peur du débat…Ce sont quand-même eux qui font la richesse de Carrefour ! C’est tout l’enjeu de la démocratie dans l’entreprise : mettre à égalité de droits et de devoirs ses deux partenaires principaux.

Il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures !





Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...