mardi 17 avril 2012

D’une dictature à l’autre

Comme beaucoup de gens j’ai suivi « Des paroles et des actes » , cette émission télé parallèle à la campagne officielle, où chaque candidat à la présidentielle a eu pendant quinze minutes une nouvelle opportunité de mieux se faire connaître et de présenter son programme. On a plus particulièrement découvert ceux qu’on appelle les « petits candidats »  (Nathalie Arthaud, Jean-Claude Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Philippe Poutou) et même si leur programme a été loin d’être convaincant, certains ont séduit par leur sympathie et leur sincérité – je pense tout spécialement à Philippe Poutou. On a pu constater que chaque candidat avait le souci du bonheur des français, sa part de vérité, dénonçait la dérive financière mais avait sa propre réponse. Dans ce domaine, c’est peut-être Nathalie Artaud qui a été la plus radicale pour ne pas dire agressive : elle a dénoncé la dictature des patrons et proposé la dictature du prolétariat.

Mais pourquoi faut-il passer d’un extrême à l’autre ? Pourquoi n’y aurait-il pas un juste milieu entre le pouvoir des patrons et le pouvoir des salariés ? Pourquoi faut-il qu’on soit systématiquement dans l’agression de l’autre ? Dans le bien ou le mal ? Pourquoi ne pas proposer un système économique où il y aurait égalité de pouvoir entre les salariés et les patrons ?

C’est ce que j’ai fait pendant plus de vingt ans dans mon entreprise. La pierre angulaire de cette égalité de pouvoir passait par l’élection du patron par une assemblée composée pour moitié de tous les salariés qui avaient chacun une voix et pour moitié des actionnaires qui avaient autant de voix que les salariés mais, à la différence des salariés, des voix proportionnelles à leur apport en capital http://refondationducapitalisme.blogspot.fr/2009/04/le-patron-note-et-elu-par-ses-salaries.html ; j’ai en effet voulu respecter la hiérarchie des actionnaires car je pense qu’une personne qui a 30% ou 40% du capital doit avoir un droit de regard plus important que celle qui en a 1%. Pour être élu, il fallait une majorité des ¾ des voix ce qui suppose l’adhésion des deux partenaires principaux de l’entreprise. Cette élection était assortie de procédures garantissant l’égalité de pouvoir entre les actionnaires et les salariés. Entre autres règles, je m’étais fixé celle de ne pas vendre plus de 10% de mes actions sans l’accord du personnel. Pour l’information du personnel, j’avais mis en place des conseils de gestion dans lesquels on pouvait débattre des résultats de l’entreprise, de son organisation, des investissements, des salaires… Chaque sujet débattu était suivi d’un vote mais seulement consultatif ; je n’étais pas obligé de tenir compte de ce vote. Tenant la légitimité de mon autorité d’un mandat donné par les deux partenaires de l’entreprise, entre autres, les salariés, éthiquement, cela ne me dérangeait pas ; de plus, cela me permettait d’avoir davantage de souplesse dans la gestion de l’entreprise.

Ce système ne peut être fiable que dans une moyenne ou grande entreprise puisque la pierre angulaire en est la remise en question du patron : difficile de remettre en question le patron d’une petite entreprise sans remettre en question l’entreprise elle-même. Par contre, on pourrait bien imaginer que dans une grande entreprise les actionnaires désignent le patron et que ce choix soit validé sous forme de référendum par tous les salariés. Peu importe la forme, l’important c’est une égalité de pouvoir entre les actionnaires et les salariés.

Dommage que personne n’en parle dans cette élection présidentielle ! On va d’un excès à l’autre : on passe de la dictature financière – que nous connaissons aujourd’hui - à la dictature salariale – solution totalement utopique ; on banalise la confrontation dans l’entreprise alors qu’on attend des hommes politiques les réponses pour que chacun soit mieux au travail  et grandisse en responsabilité et en dignité.




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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...