mardi 27 mars 2012

Pourquoi je vais voter Hollande

Plusieurs raisons m’amènent à voter Hollande le 22 avril prochain.

La première est l’alternance : même s’il y a eu la parenthèse Jospin, depuis 17 ans la droite est au pouvoir (deux mandats de Chirac et un de Sarkozy) et je pense que - quel que soit le pays – il est souhaitable et sain qu’il y ait une alternance à la direction des affaires. Il en va de  la bonne relation sociale qu’un camp ou l’autre  ne se sente pas frustré par la monopolisation du pouvoir. De plus, je crois aux sondages et, même si Hollande n’est pas mon candidat idéal, je pense qu’il est le seul à pouvoir battre Sarkozy ; je ne voudrais pas revivre un 21 avril avec Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon en deuxième position qui réélirait Sarkozy dans un fauteuil.

La deuxième est la déception: Nicolas Sarkozy avait le souci de refonder et moraliser le capitalisme et il na pas tenu sa promesse (cf. son discours du 28.01.10 à Davos cf. billet n° 39  de ce Blog le 03.02.10) : (…) « Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de nous demander par quoi nous allons remplacer le capitalisme mais de savoir quel capitalisme nous voulons. La crise que nous traversons n’est pas une crise du capitalisme. C’est une crise de la dénaturation du capitalisme. C’est une crise liée à la perte des valeurs et des repères qui ont toujours fondé le capitalisme (…) Le capitalisme purement financier est une dérive dont on a vu les risques qu’elle faisait courir à l’économie mondiale. Mais l’anticapitalisme est une impasse pire encore.
Nous ne sauverons le capitalisme qu’en le refondant, en le moralisant. Je sais que ce terme peut susciter beaucoup d’interrogations. De quoi avons-nous besoin au fond, sinon de règles, de principes, d’une gouvernance qui reflètent des valeurs partagées, une morale commune ? On ne peut pas gouverner le monde du XXIe siècle avec les règles et les principes du XXe siècle. On ne peut pas gouverner la mondialisation en tenant à l’écart la moitié de l’Humanité, sans l’Inde, l’Afrique, ou l’Amérique Latine… »
Depuis, sur son initiative, il y a eu cinq G20 ! A Washington, à Londres, à Pittsburgh, à Toronto, à Séoul et à Cannes. Que je sache, rien n’a changé….

La troisième ce sont les attaques personnelles : je pense que dans un débat politique digne de ce nom il ne doit pas y avoir d’attaques personnelles. Or Hollande est l’objet de ces attaques aussi bien de la part de son camp « capitaine de pédalo » (Mélenchon) que de l’opposition « on ne peut prétendre à la plus haute fonction lorsqu’on n’a pas été ministre » (Bernadette Chirac) pour ne citer que ces deux exemples. On lui fait un procès en incompétence comme il a d’ailleurs été fait à Ségolène Royal. Personnellement je préfère quelqu’un dans l’humilité que dans un orgueil démesuré.

La quatrième est le moindre mal : je ne me fais pas d’illusion. Un gouvernement de gauche n’aura pas les réponses aux problèmes sociaux que nous vivons et encore moins à la crise financière. Mais au moins  il a la volonté de changer les choses (il est contre le néo-libéralisme) et ses réponses seront meilleures sur le plan social que celles de ceux qui prônent le capitalisme pur et dur.

La cinquième est la valeur d’enseignement de l’échec : c’est par l’expérience voire l’échec de la gauche qu’on trouvera enfin les réponses à la refondation du capitalisme qui passe par la réforme de l’entreprise en faisant de chaque salarié un citoyen économique (cf. billet n° 1 de ce Blog le 23.04.09). On avait beaucoup d’espérance en François Mitterrand : il a déçu. François Hollande décevra aussi, ce que je ne souhaite pas. Mais c’est par ces échecs successifs de la gauche que nous trouverons enfin les vraies réponses.

mardi 20 mars 2012

La sagesse suisse

Ce dimanche 11 mars un évènement important s’est passé en Suisse mais qui n’a presque pas été repris par les médias français. Les Suisses, à 67%, ont voté contre un allongement des vacances de 2 semaines. Résultat déconcertant pour des français ! Que comprendre de cet événement ?

Premièrement, les Suisses ont vite saisi que ce qui leur était proposé ils allaient le payer soit par des cadences supérieures, soit par un allongement de la durée du travail ou, pire encore, au détriment de la compétitivité de leur entreprise, ce qui risquait  d’être un facteur de chômage.

Deuxièmement, les Suisses sont instruits de la logique économique et savent faire la part des choses.

Troisièmement, le citoyen suisse est considéré, comme un citoyen mature, responsable, qui a la possibilité de prendre des décisions en toute connaissance de cause.

Quatrièmement, les syndicats qui militaient pour ces deux semaines de congés supplémentaires ont été sévèrement désavoués et n’ont pas été représentatifs des attentes des salariés.

Le témoignage de Corinne, dans « Aujourd’hui en France » du 12 mars illustre tout à fait le résultat de cette votation sur les deux semaines de congé supplémentaires. « Corinne s’amuse des résultats du vote. Les Suisses ne veulent pas avoir 6 semaines de congé au lieu de 4 ? Rien d’étonnant pour cette frontalière qui travaille dans une agence de voyage à Genève. ‘Il n’y a pas eu de débat avec mes collègues, raconte-t-elle. Beaucoup de Suisses avaient peur de le payer d’une manière ou d’une autre. Et cela aurait été trop lourd pour eux’. Avec 42,5h de travail hebdomadaire, les Helvètes ont des semaines bien chargées. Du coup ‘beaucoup se sont dit que, si l’on donnait une ou deux semaines de vacances de plus, ils devraient sûrement faire plus d’heures’ argumente-t-elle. Et puis, ‘il y a aussi la compétitivité : capitale pour les Suisses. Si on leur octroie plus de congés, l’entreprise sera-t-elle encore viable ?’. Corinne avoue qu’elle se serait posé les mêmes questions si elle avait pu voter ».

Une fois de plus, la démonstration a été encore faite que si l’on considère l’homme comme un citoyen responsable, si l’on a le souci de l’informer, de faire preuve d’un minimum de pédagogie et d’un maximum de respect et d’humilité, si on lui fait confiance, les murs et les obstacles à la bonne entente entre les hommes et à la paix peuvent être facilement supprimés. Et ce qui est valable pour la Suisse l’est aussi pour la France en général et pour les entreprises en particulier. Mais pour cela, il faut mettre fin à la lutte des classes – qui subsiste toujours chez nous, qu’on le veuille ou non - dans laquelle chacun campe sur ses positions, est tour à tour agressé ou agresseur. Pas plus que les Suisses les Français ne veulent détruire leur entreprise, ou « bouffer » du patron. Comme les Suisses, ils sont capables de comprendre la logique économique mais ils ont besoin d’être considérés et reconnus ; c’est par la démocratie dans l’entreprise que nous arriverons à plus de dignité pour chacun.

mardi 13 mars 2012

Délinquance : la lettre et l’esprit



La montée de la délinquance est un véritable sujet de société. Augmentation de 5% de la petite délinquance (vol à la tire, vol à l’étalage, coups et blessures, etc.) sans compter toutes les victimes qui ne se donnent même pas la peine de faire une déclaration à la police sachant que les chances de retrouver leurs agresseurs sont nulles. Pour cette délinquance on trouve chaque jour des parades, à commencer par notre ministre de l’intérieur, Monsieur Guéant. Il en va de la qualité de notre vie et de la sécurité de nos concitoyens.

Mais il y a une autre délinquance qui ne dit pas son nom parce qu’elle ne constitue pas une entorse à la loi et qui est pourtant beaucoup plus grave : c’est l’exil fiscal. A la veille de cette élection présidentielle, on  assiste à une vague sans précédent de gens qui veulent quitter la France – patrons, sportifs, artistes... – pour protéger leur patrimoine et payer moins d’impôts. Non seulement cet exil est préjudiciable financièrement pour la France mais il nous prive de talents. Maurice Lévy, le président de l’association française des entreprises privées et de Publicis, a déclaré récemment « ce n’est pas tant l’exil des riches que je redoute,  c’est le départ des talents français porteurs d’avenir ».
Les agences immobilières et fiscales sont débordées de demandes en Suisse comme en Belgique. Si l‘on en croit l’article de Boris Cassel dans le quotidien « Aujourd’hui  en France » du 05.03.12, « après la Belgique, la Suisse est la deuxième destination la plus prisée des riches contribuables français décidant de s’exiler pour des raisons fiscales. Surtout les cantons francophones de Genève et de Vaud. ‘Il y a une forte demande actuellement confirme Philippe Kenel, célèbre avocat fiscaliste installé dans la capitale helvète ; habituellement je défiscalise en Suisse entre 20 et 30 personnes par an dont la moitié est originaire de France. Depuis le début du mois de janvier, j’ai eu une quinzaine de demandes de la part de contribuables français’. La plupart du temps, il s’agit de patrons d’entreprises. A chaque fois, leur motivation tient en trois mots : payer moins d’impôts (…) Les déclarations de François Hollande (prévoyant une tranche à 75% pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros) ont eu un effet déclencheur. »
On est en droit de s’ étonner que nos hommes politiques ne cherchent pas de parades juridiques ou fiscales à cette évasion de nos capitaux et de nos talents. Et que non seulement ils ne cherchent pas de parades mais semblent cautionner cette logique de gain prévalant sur la logique de solidarité. Personne ne trouve rien à redire au fait que le chef de l’Etat ait demandé à un artiste ô combien célèbre de représenter la France en Chine alors que celui-ci réside en Suisse pour payer moins d’impôts…Pire encore, la seule parade que trouvent nos hommes politiques pour dissuader ces privilégiés de partir à l’étranger ce sont des cadeaux fiscaux (bouclier fiscal et autres…) qui ne font qu’aggraver l’écart entre les plus riches et les pauvres.

Quand comprendrons-nous que cette délinquance qui ne dit pas son nom et a des conséquences graves sur la marche de notre pays doit être combattue au même titre que celle liée aux entorses à la loi ?

mardi 6 mars 2012

La vraie fausse idée de François Hollande



Depuis 2002, 750 000 emplois industriels ont disparu, soit 1 emploi sur 6. Sur ces trois dernières années, près de 900 usines ont fermé et quelque
100 000 emplois ont été détruits en France. Et 2012 ne s’annonce pas mieux.

Pour lutter contre cette désindustrialisation François Hollande a eu l’idée de déposer un projet de loi qui obligerait les entreprises concernées par la fermeture d’un site à en informer le tribunal de commerce qui mandaterait une personne pour rechercher des offres de reprises en lien avec l’entreprise cédante. Si l’entreprise refusait ces offres le tribunal pourrait imposer un plan de cession pour la reprise du site en question. Cette idée, François Hollande l’a proposée aux syndicalistes des hauts fourneaux de Lorraine devant l’usine bloquée d’ArcelorMittal à Florange.

Cette proposition part d’une bonne intention mais ne serait qu’une loi de plus pour mettre la pression sur les entreprises. Et même si toutes ces lois – sur le temps de travail, les salaires, les conditions de travail et maintenant les reprises d’entreprises – ont pour but de protéger les salariés contre des abus, cela ne doit pas nous empêcher de comprendre que la meilleure façon de les protéger serait peut-être de leur donner plus de pouvoir. Déjà celui de participer à l’élection de leur patron, et puis d’un droit de veto pour les investissements, les délocalisations, les licenciements… Cela ne serait-il pas plus efficace pour la défense et la dignité de ces salariés ? Sachons desserrer l’étau extérieur de plus en plus contraignant pour l’entreprise et frein pour son développement. Laissons cette entreprise respirer !
                     
Le seul véritable pouvoir qu’ont les salariés est un droit de violence : le droit de grève. Ils sont pourtant les mieux placés et les premiers concernés pour donner leur avis sur la stratégie de l’entreprise ; même s’il y a parmi eux des éléments toujours négatifs qui s’opposeront systématiquement à tout changement, faisons le pari que la majorité des salariés sont des gens raisonnables qui peuvent comprendre que la compétition existe, que le monde évolue, que la technologie évolue, que les besoins et attentes des personnes évoluent et font que l’entreprise est appelée elle aussi à évoluer : on n’est plus au temps des diligences ! C’est tout simplement faire confiance et croire en l’Homme, pierre angulaire de la démocratie.
Certains esprits chagrins pensent que ce pouvoir donné aux salariés peut être un frein à la bonne réussite et au développement d’une entreprise… Mais qu’est-ce que la réussite si elle passe par de mauvaises conditions de travail, des délocalisations et des licenciement brutaux ? Ce que l’on perdra en terme d’efficacité financière on le gagnera en terme de qualité de vie, de travail et de  dignité de l’homme. L’enjeu n’est-il pas en effet de mettre l’entreprise au service de l’homme et non l’homme au service de l’entreprise ?

Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...