mardi 25 mai 2010

Les jeux d'argent ou «l'école» du capitalisme


Autant nos gouvernants oeuvrent pour lutter contre l'addiction à l'alcool, au tabac, à la drogue qui fait des dégâts énormes sur le plan personnel, familial et sociétal, autant ces mêmes gouvernants sont très laxistes sur l'addiction aux jeux d'argent, pire, les encouragent (Loto, PMU, Euromillions, Keno, cartes à gratter en tous genres... et régulièrement la Française des Jeux nous en invente de nouveaux). Pourtant, l'addiction aux jeux d'argent est un fléau aux conséquences souvent très graves qui touche principalement les plus pauvres chez qui la tentation est grande de «se refaire» par le jeu.
On serait donc en droit de penser que l'Etat limite ces jeux d'argent ou tout au moins n’en fasse pas la promotion ! Au contraire, dernièrement, le Conseil Constitutionnel a donné son feu vert à la concurrence des jeux de paris en ligne et le gouvernement entend ouvrir cette concurrence avant le début de la coupe du monde de football en juin 2010. On n’ a jamais tant vu de publicité et par là-même d'intérêt de la part du public pour les jeux d'argent. Toutes les chaînes de télévision ont un programme de jeux où l'on peut gagner de l'argent, sans parler des propositions et facilités dans le genre qu’on trouve sur Internet... Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les statistiques nous disent que trois français sur cinq jouent et qu'en 2009 ils ont laissé chaque jour la somme record de 60 millions d’euros dans les caisses de la Française des jeux, du PMU et des casinos, soit l’équivalent d’un Airbus A320 ou de deux lycées en Ile de France ; selon l’AFP (Agence France-Presse), en sept ans les dépenses quotidiennes des français dans les jeux d’argent sont passées de 47,5 à 60 millions d'euros malgré la crise économique. Ce qui fait un total de 22 milliards d’euros par an - de quoi réduire pour un an la moitié de la pauvreté et de la malnutrition dans le monde ! Comme on le voit, d’année en année, ce chiffre est en forte progression. Il a même été question que des hypermarchés puissent vendre des jeux à gratter et ce n'est que sur la pression des buralistes – qui craignaient de voir ainsi disparaître une partie de leur recette – que la chose ne s'est pas faite.
On peut donc se demander la raison de la différence de traitement entre l'addiction à l'alcool, au tabac ou à la drogue et l'addiction aux jeux d'argent ; la tentation est de répondre que c'est une question de fiscalité qui rapporte à l'Etat mais je ne le pense pas.
Et si l'explication était ailleurs ?
Si, au-delà du souci de remplir les caisses de l’Etat, le but conscient ou inconscient était de nous convertir à la logique financière du capitalisme ? Il y a une grande similitude entre celui qui joue au jeu et celui qui joue en bourse ; l’objectif est le même : l’appât du gain. Qui cautionne l’un, cautionne l’autre. Qui plus est, ces jeux d'argent « valident » les gains indécents de la plupart des hommes d'affaires, des sportifs, des artistes... puisque ces mêmes gains sont à la portée de tous ; ce n'est pas par hasard si dernièrement en Italie une personne a gagné cent quarante six millions d'euros au Loto ; c'est la démonstration que tout le monde peut devenir riche ; il suffit de le vouloir, d'y croire, d’y mettre les moyens et d'un peu de réussite.
Dans le cadre de la refondation du capitalisme, il serait urgent d'interdire la publicité sur les jeux d'argent comme on le fait pour l'alcool ou le tabac et de limiter le montant des gros lots. C'est aussi une question d'éthique.
Je termine par ce témoignage de Philipe Bouvard, passionné de jeu, dans Paris Match du 20.05.10 « il y a une certaine débilité dans le jeu. Ce n’est pas qu’une passion, c’est aussi un vice ».









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...