mardi 11 mai 2010

Une Europe sans « âme »


Il y a soixante ans, presque jour pour jour, le 09 mai 1950, cinq ans après la fin de la seconde guerre mondiale, Robert Schuman, le ministre français des affaires étrangères, lançait l’appel fondateur de la construction européenne baptisé « déclaration Schuman ». Depuis, malgré les crises successives, cette Europe a bien grandi jusqu’à comporter actuellement 27 pays. La crise grecque a l’avantage de nous inviter à repenser l’Europe.
Pourquoi cette crise ? Pourquoi l’Europe ? Comment l’Europe ?
Fallait-il ou non aider la Grèce au risque de nous plonger à notre tour dans une crise financière ? Fallait-il aider un pays plutôt laxiste sur les dépenses au détriment de ceux qui ont le souci d’une gestion rigoureuse ? On comprend les réticences de l’Allemagne, c’est la fable de la cigale et de la fourmi. Les français comme les européens sont très divisés sur l’aide à apporter à la Grèce et même si nos députés ont fait l’union sacrée pour entériner une aide de 16,8 milliards sur un total de 110 milliards, même si les européens ont fait un plan de 650 milliards d’euros aux Etats en difficulté, ne nous faisons pas d’illusions, derrière cette générosité apparente il y a essentiellement le souci de se protéger contre une dévaluation brutale de l’euro et de mettre un terme à cette descente en enfer. On attribue à cette crise des raisons essentiellement économiques, chaque éditorialiste y va de son analyse et chacun a raison.
Mais si les causes - et par là-même les réponses - étaient ailleurs ? Demandons-nous si cette crise aurait pu arriver aux Etats-Unis ? Certainement pas ! Déjà, pour des raisons techniques, parce qu’il y a un gouvernement fédéral économique, ce qu’il n’y a pas en Europe. Et puis, tout simplement, parce que le lien qui unit les américains est différent de celui qui unit les européens. Les américains ont peu de passé ; leur lien, c’est principalement l’avenir, l’ambition d’avoir une nation forte économiquement, technologiquement, politiquement et dont ils sont à juste titre très fiers ; le très fort attachement au drapeau et à l’hymne américains est significatif et n’a rien à voir avec l’attachement au drapeau et à l’hymne européens qui est souvent faible. A contrario, ce qui unit les européens est essentiellement le passé et un passé lourd de contentieux ce qui fait qu’à la moindre difficulté c’est la tentation du repli sur soi, du retour au nationalisme. La chronique d’Yves de Kerdrel dans le Figaro du 04 mai 2010 intitulée « Charité française, mal ordonnée… » est exemplaire en la matière.
Les américains, eux, sont unis par les Valeurs, la Liberté, la Charité (chaque entreprise américaine a une fondation, Bill Gates est emblématique en la matière) et la Spiritualité ( ce n’est pas par hasard qu’on lit sur chaque billet de dollar « In God we trust» « Nous croyons en Dieu » !). Rien de tout cela chez les européens. A la différence des américains, ce qui unit les européens est une ambition avant tout économique voire financière. Alors, comment voulez-vous que ce sentiment de solidarité, d’appartenance à une nation puisse être présent chez les européens ? Ayons le souci de construire une Europe unie sur les Valeurs, la Spiritualité et ayant l’ambition d’une nouvelle société, en un mot de donner une « âme » à cette Europe.
Le chantier de la refondation du capitalisme pourrait être un grand dessein social pour unir l’Europe. Avec ce ferment on ne se demanderait même plus s’il faut ou non aider la Grèce.
Comme le disait Lacordaire « ne cherche pas à convaincre d’erreur ton adversaire mais à t’unir à lui dans une lumière plus haute ».





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...