mardi 3 août 2010

Une expérience douloureuse



Le besoin de reconnaissance est essentiel pour chacun d'entre nous dans la vie privée et dans la vie professionnelle. «Le besoin d'être regardé, la recherche de l'estime publique représente non un vice mais un besoin constitutif de l'espèce humaine» a écrit Jean-Jacques ROUSSEAU. Dans l'entreprise, ce besoin est loin d'être toujours satisfait. Je viens d'en faire à mes dépens la douloureuse expérience.



Voici les faits. Depuis huit ans j'interviens régulièrement (environ une centaine d'heures par an sous le statut de prestataire) dans une importante Ecole de commerce parisienne à capitaux américains. J'enseigne l' Ethique et le Développement Durable à des étudiants en Mastères qui apprécient toujours mes interventions si j'en juge par les évaluations faites de façon anonyme : 7,5 à 8,5 de moyenne sur 10.

Toutes les années, en juin, j'élabore le planning pour l'année scolaire suivante et comme à l'habitude, j'envoie mes disponibilités à l'administration de cette Ecole. Après plusieurs relances auprès de la responsable des plannings, et toujours sans réponse début juillet, j'envoie un email tout a fait «gentil» au Directeur Pédagogique avec copie au Directeur de l'Ecole lui demandant de me donner ces dates au plus tôt ; comme toute réponse, j'ai reçu quelques jours plus tard du Directeur de l'Ecole une lettre  recommandée très brève et très sèche me signifiant que l'Ecole en question mettait fin à notre collaboration ; ceci sans préavis, sans explication et sans invitation à en discuter.  Ma première réaction a été d'attaquer en justice pour préjudice financier et moral - et j'aurais certainement eu gain de cause. Mais voilà : j'interviens dans une autre Ecole du même Groupe et le risque certain était que cette action me fasse aussi perdre l'autre Ecole ; j'ai donc préféré m'abstenir. Ce Directeur d'Ecole nous donne un «bel exemple» d'irrespect, de manque de considération, sans parler de la plus élémentaire équité ! On est en droit de se demander comment le management est enseigné dans son établissement...Certainement que le Directeur a ses bonnes raisons et des comptes à rendre à sa hiérarchie ; mais j'aurais été capable de les entendre et de les comprendre...



Quelles leçons peut-on tirer de cette expérience douloureuse ?

Première leçon : dans une relation, c'est le rapport de force qui prime au-delà de la loi.

Deuxième leçon : au-delà des changements des règles et des lois, la refondation du capitalisme va de pair avec le changement des mentalités.  

Troisième leçon : il est urgent d'istaurer la démocratie dans l'Entreprise comme garde fou à des attitudes irresponsables et dégradantes pour l'Homme.




2 commentaires:

  1. oneyebug@hotmail.com19 août 2010 à 03:26

    Monsieur Benoit,
    Commentaire suite à votre article "une expérience douloureuse".

    Plus que la démocratie ou toute autre qualité à développer pour l'humanité, les bonnes manières sont au centre de toute relation entre personnes ainsi que le respect.

    Je trouve les manières de cet homme, pour le moins, faibles et sont respect, pour ses collègues, inexistant d'après ce que vous en montrez et dites.
    C'est très regrettable pour quelqu'un qui se doit de montrer l’exemple et de former des gens, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes.
    Que sont en droit de penser les étudiants de cette école ?
    Qu'il suffit d'envoyer une lettre recommandée pour se débarrasser de quelqu'un.
    C'est tout simple, l'exemple est là.
    Maintenant, le précédent est fait.

    Je vous souhaites de pouvoir enseigner encore longtemps pour le plus grand bien de tout ceux qui pourront en profiter.

    Meilleures salutations

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  2. Chère Madame ou Monsieur,
    Merci de l'intérêt porté à la lecture de ce blog. Je suis tout à fait d'accord avec vous lorsque vous dites que c'est avant tout une question d'éducation et de politesse... mais la logique de ce système capitaliste favorise l'égoïsme, c'est la loi du plus fort !
    Merci de vos encouragements à continuer d'enseigner encore longtemps ; ce que je ne manque pas de faire.

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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...