mardi 15 mars 2011

Quand l’argent fait perdre les pédales


Il n’y a pas que les patrons à qui l’argent peut faire perdre les pédales !
Dans Le Figaro des 10.12.10 et 12.02.11 Fabrice Amedeo dénonce les dysfonctionnements des Comités d’Entreprise de certaines grandes sociétés. Après le scandale du Comité Central d’Entreprise (CCE) d’EDF quatre autres Comités d’Entreprise sont sur la sellette : ceux de France Télécoms, d’Air France, de la SNCF et de la RATP. Ces deux derniers font l’objet d’une enquête de la Cour des Comptes et celui d’Air France est dans le collimateur de la Brigade Financière. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

France Télécoms : budget de 160 millions d’€ soit 3,7% de la masse salariale, 200 salariés au CE, résultat net en 2009 : perte de 5 millions d’€. Ce qui fait dire à Sébastien Crozier délégué CFE-CGC France Télécoms « les organisations syndicales ne savent pas gérer un budget prévisionnel. En 2009 on a frôlé la catastrophe et en 2010 on va avoir un tel excédent qu’on distribue des chèques vacances gratuitement aux salariés pour vider les comptes. L’excédent comme le déficit sont mauvais et soulignent une grande immaturité dans la gestion ».

La SNCF : budget de 92 millions d’€ soit 1,72% de la masse salariale, 980 salariés au CE, résultat équilibré en 2010. Un responsable syndical de la SNCF visé par l’enquête reconnaît qu’« il y a eu détournement, nous n’avons pas utilisé les fonds pour la formation de nos délégués syndicaux…mais nous nous en sommes servi pour le fonctionnement des syndicats». Récemment, à l’occasion des élections syndicales, le Comité Central d’Entreprise (CCE) a financé l’achat pour le compte de la CGT de 1939 panneaux publicitaires pour un montant de 300 000 €.

La RATP : budget de 83 millions d’€ soit 2,81 % de la masse salariale, 300 salariés au CE, résultat 2009 bénéficiaire de 1,54 million d’€. L’institution a fait l’objet d’un audit interne à la demande du Président Pierre Mongin. Il révèle que l’entreprise est très généreuse avec ses syndicats, très au-dessus du minimum légal défini par le droit du travail et met à jour des dérives : des heures réservées aux représentants du personnel passent allègrement de mains en mains et finissent parfois par profiter à certains salariés qui n’ont aucun mandat syndical. Olivier Cots, trésorier de Sud Rail à la RATP déclare que « les œuvres sociales et culturelles servent à ‘relever’ des militants CGT qui vont militer ».

Air France : budget de 93 millions d’€ soit 3,1% de la masse salariale, 1080 salariés au CE, perte de 14,5 millions en 2010. Selon la CFDT, sur les 42 millions d’€ de subventions versés par la Compagnie à son CCE, dix seulement sont redistribués au personnel d’Air France. Le reste est englouti en frais de fonctionnement, notamment pour l’emploi de 300 salariés ainsi que dans le versement de salaires confortables : plus de 20 000 € par mois pour chacun des deux Directeurs Généraux.

Quelle conclusion pouvons-nous tirer de ces quelques données ?
D’abord, n’y aurait-il pas comme un air de corruption de la part de ces entreprises qui dépassent allègrement l’obligation légale de versement au Comité d’Entreprise de 0,6 % des salaires ? N’est-ce pas une façon d’acheter les syndicats ?
Ensuite qu’il y a urgence à remettre de l’ordre dans le fonctionnement des Comité d’Entreprise.
Et enfin que la vertu n’est pas plus à droite qu’à gauche et que quelque part, nous sommes tous des « patrons » quand il s’agit d’enjeux financiers.
Enfin, cela devrait nous amener à davantage d’humilité dans nos jugements, à comprendre que nous avons tous à « balayer devant notre porte » et que le combat pour la refondation du capitalisme n’est pas un combat contre des personnes mais contre un système qui a dérivé.



 

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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...