mardi 10 avril 2012

Sauve qui peut



«Sauve qui peut» c’est le titre de l’excellent reportage sur l’entreprise DESCAMPS diffusé le 03 avril sur France 2 http://www.pluzz.fr/sauve-qui-peut-2012-04-03-22h50.html.
Dans ce documentaire Clarisse FELETIN nous fait vivre l’agonie de la maison DESCAMPS qui a été le fleuron français de l’industrie textile et le dernier fabriquant des serviettes éponges en France.
On assiste au dépôt de bilan du 26 juin 2010 qui a été précédé de plans sociaux à répétition et de la fermeture de quatre usines du Groupe, toutes délocalisées en Asie. Au moment du dépôt de bilan, il reste 100 personnes inquiètes à l’usine de Régny dans la Loire.
Comme il se doit, c’est le Tribunal de Commerce – en l’occurrence celui de Paris – qui va statuer sur le sort de l’entreprise DESCAMPS et attendre des appels d’offres de reprise.

Trois offres paraissent sérieuses.

Un plan de continuation (le repreneur s’engage à payer tous les fournisseurs et souvent achète l’entreprise pour un euro symbolique).
Il est proposé par Matéo ZUCCHI, l’un des représentants de la dynastie italienne du même nom (leader européen du linge de maison), actionnaire de l’entreprise DESCAMPS. Ce plan de continuation verrait la venue d’un nouveau partenaire,  le Groupe « Astrance Capital » dont Pascal LAUFFER est Président et qui, dans un premier temps, limiterait les licenciements à 38 personnes.

Un plan de cession (le repreneur achète l’actif mais n’a plus à payer le passif et entre autres les fournisseurs).
Cette offre est faite par « Maison de la Literie » leader français du lit qui a un réseau très étoffé de magasins et dont le PDG Fondateur Pierre ELMALEK s’engage à garder tout le personnel et à développer l’activité.
Cette offre satisfait tellement les salariés de DESCAMPS qu’elle leur arrache un « trop beau pour être vrai » !

Un nouveau plan de cession, proposé par le Baron PETIET Président de « Krief  Group » qui a pour seul souci de profiter de la notoriété de la marque DESCAMPS et délocaliser la production en Chine pour en faire le leader mondial dans son domaine d’activité.

A ce moment du reportage on pense que tout est clair et que « Maison de la Literie » sera désignée par le Tribunal de Paris pour reprendre la Maison DESCAMPS. Mais la famille ZUCCHI ne veut pas en rester là et, à l’étonnement du Tribunal, des Avocats et de l’Administrateur judiciaire, nomme Pascal LAUFFER à la tête du Groupe DESCAMPS qui, de ce fait, devient juge et partie : il a en effet maintenant à la fois la « casquette » du Président DESCAMPS et  la « casquette » du Président « d’Astrance Capital » qui veut reprendre DESCAMPS ! On arrive à la situation paradoxale qu’il connaît toutes les offres faites par ses concurrents et leur fait même visiter l‘usine ! Malgré ce « coup fourré » les salariés restent confiants et pensent que le Tribunal va statuer en faveur de « Maison de la Literie ». Mais, coup de théâtre ! Le Tribunal apprend que le frère du Président de « Maison de la Literie » est juge au Tribunal de Paris mais pas dans la même Chambre et, ne voulant pas risquer la critique d’un soi-disant manquement à l’Ethique, préfère lâchement se dessaisir du dossier, à la grande déception des salariés de DESCAMPS. Deux mois après, le dossier DESCAMPS est repris par le Tribunal de Bobigny : retard fort préjudiciable à sa bonne gestion car, entre temps, le passif s’est aggravé. A la stupéfaction générale et au grand désarroi des salariés, « Astrance Capital » est désigné pour reprendre l’entreprise. Les salariés très mécontents font appel de la décision du Tribunal de Bobigny mais la Chambre d’appel confirme la décision.

Résultat : 23 licenciements immédiats et 6 mois plus tard mise au chômage des ouvriers restants. Le Groupe « Astrance Capital » ne respecte pas du tout ses engagements mais la justice ne peut rien faire. Le Groupe « Astrance Capital » et le Groupe ZUCCHI vont bien, leur cours en bourse a augmenté ! Le bonheur des uns fait le malheur des autres.

Quelle leçon tirer de cette lamentable affaire ?
Si les salariés de DESCAMPS avaient eu le droit de désigner leur patron, certainement que Pascal LAUFFER ne l’aurait pas été !
Si les salariés de DESCAMPS avaient eu le droit de veto pour s’opposer à la décision du Tribunal de Bobigny, « Maison de la Literie » aurait certainement été désignée.
Mais malgré cette évidence, les syndicats de tous bords… ne veulent pas entendre parler  de démocratie dans l’entreprise et d’égalité de pouvoir entre salariés et actionnaires sous prétexte de ne pas instaurer une collaboration malsaine avec les patrons ! Combien de leçons faudra-t-il pour qu’ils comprennent enfin que la démocratie dans l’entreprise est la meilleure réponse pour faire face au pouvoir financier ?





4 commentaires:

  1. D'autant que Pascal Lauffer n'a aucune légitimité pour être Président d'une entreprise textile.
    Il était auparavant responsable informatique chez un courtier spécialisé sur les produits dérivés.

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  2. Pourtant, selon le reportage et les annonces faites par Descamps dans la presse l’entreprise va mieux. Ca ne compte pour rien ?

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  3. Ce type se pavane avec sa fiancée sur FB avec une profusion de luxe et de suffisance . Dégout total . Révoltant .

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  4. vous avez pas honte, il a sauvé votre entreprise et vos maison

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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...