lundi 3 janvier 2011

Fracture sociale et discrimination positive


Dans Le Monde du 16.12.10 Luc Bronner  parle d’un rapport inédit réalisé par L’Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles (ONZUS) qui révèle que la fracture sociale s’aggrave entre les 751 banlieues sensibles et le reste de la France avec le risque d’une inquiétante ghettoïsation qui ne peut que favoriser le communautarisme.

Le taux de chômage dans les zones urbaines sensibles (ZUS) a atteint 18,6% contre 9,8% pour la moyenne française. Plus grave, 43% des jeunes hommes actifs et 37% des jeunes filles actives sont au chômage, on enregistre deux fois plus de personnes sous le seuil de la pauvreté, paupérisation augmentée par les mouvements de population : chaque année, 7% des habitants quittent ces quartiers et sont remplacés par des gens plus pauvres encore. La part des familles monoparentales (absence de Père) atteint 25% contre 15,8% en moyenne dans l’Hexagone. Cette pauvreté entraîne son lot de dysfonctionnements (délinquance, exclusion, dégradation de l’environnement...).

Ce problème des banlieues est un véritable casse-tête pour nos hommes politiques. Déjà en 1990, François Mitterrand avait tiré des leçons des émeutes de Vaulx-En-Velin en créant le premier Ministère de la Ville. On a ensuite créé la police de proximité, on a aussi renforcé la présence policière. Mais toutes ces mesures agissent sur les conséquences et non sur les causes. On ne peut que constater l’impuissance des pouvoirs publics - de gauche comme de droite - à enrayer ce que Jean-Louis Borloo avait appelé un « cancer de la République ». Aujourd’hui, pour expliquer ce bilan peu flatteur, on met généralement en avant la crise économique ; alibi facile qui dédouane nos responsables politiques.

Et si la cause profonde du malaise des banlieues était avant tout un problème de chômage ? Et si nous comprenions que c’est en favorisant l’emploi des personnes habitant ces banlieues par la discrimination positive que nous aurons des amorces de réponses ? On a dans ce sens créé des zones franches avec avantages fiscaux à l’appui pour inviter les entreprises à s’installer dans ces banlieues sensibles. Malheureusement, on voit bien que ces entreprises emploient le plus souvent du personnel domicilié hors de ces zones. Alors, pourquoi ne pas exonérer de charges les salaires des personnes habitant dans les ZUS ? Avantage qui inciterait beaucoup d’entreprises à embaucher ces personnes défavorisées. Cette mesure serait bien plus utile que celle en vigueur sur l’exonération des charges des heures supplémentaires d’ailleurs très controversée ! Autre piste : pourquoi ne pas imposer des quotas d’embauche pour les entreprises comme c’est pratiqué pour les personnes handicapées ? Les avantages de cette discrimination positive seraient quadruples : abaissement de la pauvreté, abaissement de la délinquance, amélioration de l’image des ZUS et incitation à habiter ces zones.

Ces mesures s’inscriraient tout à fait dans l’esprit de la refondation du capitalisme mais iraient bien sûr à l’encontre de tous ceux qui veulent un maximum de liberté pour les entreprises quitte à faire beaucoup de dégâts collatéraux.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...