mardi 10 janvier 2012

Le labyrinthe de Sarkozy


Dans le JDD du 1er janvier on lit que « Nicolas Sarkozy gère tout à l’affect. La contrepartie de l’affect c’est la brutalité ».  La phrase est signée Henri Guaino, le conseiller spécial du Président, qui essaye de fournir une explication au mode de fonctionnement du chef de l’Etat. C’est aussi l’une des confidences rapportée par le journaliste Eric Mandonnet dans son livre « Président candidat » (l’Express). L’auteur tente dans un récit de la présidence Sarkozy, de dénouer les fils d’un quinquennat en forme de labyrinthe .
Au risque de contredire Henri Guaino, le contraire de l’affect, ce n’est pas la brutalité mais le discernement, l’objectivité, le courage. L’affect a un lien direct avec nos émotions et lorsqu’un chef d’entreprise ou un responsable politique gère à l’affect et que son moteur est l’émotion, c’est la porte ouverte à toutes les dérives, la colère non contrôlée, la recherche du pouvoir, le copinage, l’inconstance dans les décisions, les privilèges abusifs, les sautes d’humeur… Ce n’est pas celui qui fait pitié qui aura forcément raison et ce n’est pas celui qui sera antipathique qui aura forcément tort. Bien sûr nos émotions – qu’on peut appeler sensibilité - sont importantes en tant que moyens, elles nous permettent de recevoir des messages et d’en faire passer mais en aucun cas elles doivent être le moteur de nos décisions.
Lorsque j’entends une personne célèbre se battre pour protéger les phoques sur la banquise – ce qui est louable – et en même temps afficher son racisme, je me dis qu’elle est dans la sensiblerie.
Il est bien d’avoir un potentiel d’émotion ; celui qui n’en a pas sera dans le cynisme, la cruauté, la lâcheté. Mais nos émotions ne doivent pas être moteur de nos actions, de nos pensées ou de nos paroles. Une personne qui vivrait dans la peur de l’accident ou de l’échec n’oserait ni conduire ni entreprendre. Mais si la peur lui est un moyen, elle sera prudente.  La colère est une bonne chose si elle est maîtrisée sinon on sera dans l’insulte, le mépris. Il est bien connu qu’un chirurgien n’opère jamais un membre de sa famille parce qu’il a une relation affective avec lui.
Un chef d’entreprise ou un homme politique dont l’émotion est moyen et non  moteur sera dans le discernement, la sérénité, la paix… Il gèrera les conflits sans implication affective en mettant son amour propre de côté. Il évitera d’avoir une « cour » autour de lui avec ses « chouchous ». Il évitera de placer un membre de sa famille ou un ami à des postes de responsabilité s’il n’en a pas les compétences, il relativisera les faits divers...
Je terminerai en faisant référence au premier testament de la Bible dans le premier livre des rois, chapitre trois : Salomon est appelé à arbitrer à laquelle de deux femmes appartient un enfant. S’il avait été dans l’affect il l’aurait donné à celle qui avait le plus de chagrin et n’aurait certainement pas eu le courage de menacer de couper en deux le bébé pour identifier la vraie mère. Nos émotions sont la meilleure et la pire des choses. La meilleure quand elles sont moyen et la pire lorsqu’elles sont moteur ; un manager qui conduit ses hommes à l’affect aura un très lourd handicap et d’autant plus lourd qu’il n’a pas conscience de son dysfonctionnement et a le sentiment d’être animé des meilleures intentions pour son équipe.

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Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...